Au coin de l'âtre...
Ô joli feu de bois où le temps s'éternise !
Ton chaud craquellement,sous la flamme d'automne,
Dessine sur le mur une folâtre frise.
Ô tendre feu de bois que la saison moissonne !
Le silence se fend au fer qui te tisonne ;
Et ta bûche noirâtre dans l'âtre se déguise.
Qu'ils sont doux ces instants, dans leurs rouges fourreaux,
Quand l'ombre vient danser sur des talons trop hauts !
Laissant sur le plafond sa dentelle friponne.
Qu'il est doux d'attiser, dans le foyer chantant,
Cette voix du passé, dont les curieux échos,Â
Mollement rescusitent au tempo de l'antan .
C'est ici que l'on veille à demi sommeillant,
C'est ici que l'on parle en timide profane,
C'est ici que s'étend le rêve diaphane...
Et c'est là , qu'autrefois, dépliant son couteau,
L'aïeul sculptait la nuit au pommeau de sa canne,
Là , que coeur chagriné confiait son fardeau ;
Là , qu'on retricotait la brassière du temps,
Au milieu des veilleurs et des petits enfants.
Sur l'aiguille d'hier, la maille d'aujourd'hui...
Des heures à conter pour oublier l'ennui,
Et l'horloge oscillait, les berçant tour à tour,
Tandis que l'âtre chaud répandait son amour.