Plume d'or Inscrit le: 19/6/2016 De: Envois: 1917 |
Souvenez-vous ! Souvenez-vous !
Ils ont trouvé la mort, ils ont trouvé la gloire Les soldats des tranchées sont tombés en héros Ces hommes étaient heureux, mais un jour sans un mot La guerre est déclarée, ils ne pouvaient y croire.
Ils sont partis dans leur uniforme rutilant Laissant femmes et enfants, leurs parents et amis Des pleurs et des larmes pour un au revoir, des vies Se séparent, une déchirure qui s'ouvre dans leur sang.
Ils se terraient dans des trous, la boue jusqu'au cou Des gueux en guenilles, des hommes ou des animaux Ils n'ont plus l'air humain, la guerre a mis K.O. Ces ĂŞtres, montant Ă l'abattoir, ils meurent debout.
Un ciel bas, des rues noires, des maisons délabrées Le spectre de la guerre hante dans la ville habitée Quand la terre est changée en un ruisseau de sang Le chaos et le mal sont les plaies du néant.
Dans l'enfer des combats, un soldat est tombé Le fusil à la main, l'ennemi l'a tué Il gît dans la boue, la face vers le ciel, la mort Fauche les hommes qui meurent avec du fer dans le corps.
Dans les tranchées, au fond des trous, les armées Sont prêtes, prêtes à périr pour la patrie, aimée Et adorée, elle prendra la vie des enfants Qu'elle a fait naître, pour satisfaire ses vils penchants.
L’enfer, du fer et du feu, du sang et la mort Terré comme un rat pour ne pas crever ce soir La boue recouvre ma peau, je pue, tout mon corps Exhale l’odeur des cadavres, j’ai peur du noir.
L’instant est venu, je vais monter à l’abattoir Sortir de ce trou, courir droit vers l’ennemi Je ne pense pas, j’ai froid, perdu tout espoir Je sens la mitraille frôler mon âme, ma vie.
J’avance, je vois tomber, mourir autour de moi Un cri ! Un enfant de vingt ans à l’agonie Il pleure et réclame la mort, c’est l’effroi L’horreur totale, la guerre, utopie et folie !
J'ai hurlé ma douleur, j'ai imploré la mort Et je crie maintenant, aux portes de l'agonie Les horreurs de la guerre qui ont mis dans mon corps La semence maudite engendrée par l'ennemi.
J'ai pris les armes, la patrie était en danger Il fallait la sauver et pour la liberté Des hommes allaient mourir, tués et foudroyés Par les balles, des balles qui fauchaient l'âme des damnés.
Et moi aussi, je suis tombé au champ d'honneur Donnant ma vie et mes vingt ans pour abreuver De mon sang, la terre meurtrie qui porte jusqu'au cœur De la folie, les plaies des soldats apeurés.
La terre rougit du sang frais des combattants Ils meurent debout, ces soldats, le cœur battant Pas le temps de vieillir, de bâtir l’avenir Il faut vaincre, tuer l’ennemi ou périr.
La guerre est une horreur, désespoir de la vie Vous ! Chair à canon pour sauver la patrie Soyez fiers, je vous le dis, vos fils sont morts En héros, et heureux, si l’on vous rend les corps.
Sur le cercueil fleuri, le jour des funérailles Vous poserez avec soin, la belle médaille Quel grand honneur de recevoir un tel présent Mais pour vous, cet enfant, sera toujours absent !
La peur,
L’aube se lève sur le champ de bataille J’ai une forte douleur venant de l’estomac L’envie de vomir mes tripes, de vider ma peur Car ce soir, je ne verrais pas le soleil se coucher.
Dans deux heures, sur le coup de sifflet de l’officier Je vais sortir de la tranchée, baïonnette au canon Galvanisé par la haine, il faut casser du boche Ces salauds qui ont envahi mon pauvre pays.
Encore un peu de temps, regard sur des photos jaunies Et sur des lettres froissées, un moment de nostalgie De ces doux souvenirs du passé, de ces moments heureux Mon esprit s’embrume, je dois réagir, ce n’est pas le lieu.
Mon capitaine regarde fébrilement sa montre Compte les minutes et soudain il arme son révolver Le son perce le silence de la nuit, c’est le départ Vers l’abîme, la montée vers l’enfer, de fer et de feu.
Je sors de mon trou, comme les autres soldats Les mitrailleuses crachent leur fiel de projectiles Un camarade tombe, une balle en pleine tête Sa cervelle se répand sur mon uniforme.
Les canons se mettent à tonner, les obus à tomber Autour de nous, un éclat arrache le visage d’un copain Il hurle de douleur, le sang pisse à longs flots Je dois continuer, je ne peux m’arrêter.
Nous arrivons au niveau d’un rideau de barbelés L’ennemi continue à tirer, à faucher les jeunes gens L’un d’eux est accroché aux fils de métal Il a les entrailles qui lui sortent du ventre.
Vingt minutes de fin du monde, de durs, d’âpres combats La moitié de la troupe est décimée, morte ou blessée Et voilà enfin l’ennemi, je le vois comme il me voit Nous sautons dans la tranchée, pour le tuer.
Face à face, homme à homme, corps à corps Nous nous battons à coups de poignard ou de pelle J’enfonce ma lame dans le cœur d’un allemand Je sens sa vie partir, il est crevé l’ordure !
La peur (2),
Je m’appelle Hans et je suis allemand Mon père a péri dans les tranchées de Verdun Tué au cœur d’un coup de couteau par un Poilu Je ne l’ai pas connu, je n’avais que cinq ans.
Enrôlé dans la Wehrmacht, nous avons envahi En un mois la Pologne, la guerre commence Déclenchée par la folie d’un homme dénommé Hitler, six années d’horreurs absolues.
Je n’ai rien demandé, seulement subi Je l’avoue, endoctriné par un fanatique Le peuple a suivi le Führer vers l’enfer Atteint par les maux les plus infects.
Pourquoi ? Ai-je participé à l’abominable Au pire, à la négation totale d’êtres humains A leur méthodique anéantissement programmé On se disait supérieur à eux, mais en quoi ?
Aujourd’hui,
Nous sommes petits enfants de boches et poilus Nous ne voulons plus de guerre, mais que la paix Nous pensons à tous ces morts, pour notre salut Plus jamais çà ! Ils méritent notre respect !
Pourquoi !
Il pleut des balles d’enfer, un crachat de mitraille Le temps est lourd, pesant, du fer dans les entrailles Je meurs et je ris ! A m’en faire mal ! Ciel bleu Un beau jour de guerre, pour périr sous le feu !
Ils étaient fiers, ces grands et beaux bataillons Marchant du même pas, à creuser des sillons L’ennemi ancestral, incarnait tout le mal Contre lui, on retrouvait, l’instinct animal !
Terrés dans des trous de rat, parmi les charognes TUEZ ! TUEZ ! S’entretuez, sale besogne Pourquoi ? Pourquoi ? Je vois la mort autour de moi Ces corps meurtris, tout ce sang versé, pourquoi ?
Suis-je né pour cela, c’était ça mon destin A porter un fusil, marcher vers le chemin Qui me mène au tombeau, sauver la patrie Au prix de ma vie, quel mépris, quelle ironie !
Entendez-vous, résonner le son du clairon Annonçant la fin des combats, sur le perron De mairie, énoncer les noms des combattants Victoires, faits d’armes et leurs exploits éclatants !
Et dans les villages de France se dressent Près des vieux marchés, la stèle vengeresse Où sont inscrits les patronymes des héros Honneurs aux morts, à tous ceux tombés sans un mot !
Méditer braves gens, la guerre est folie Furie des humains, elle n’est jamais abolie Que ma mort vous serve, éviter ces horreurs Sauver vos vies et fuir les fureurs d’un führer !
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