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     De l'art moderne
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Expéditeur Conversation
LdeVinci
Envoyé le :  1/11/2018 22:21
Plume de satin
Inscrit le: 19/3/2008
De:
Envois: 43
De l'art moderne
De l’art moderne.



Le célèbre cabaret « Le lapin agile » est situé rue des saules à la Butte Montmartre. Au fil des années il connut des habitués non moins célèbres, tels qu’Apollinaire, Braque, Brassens, Caran d'Ache, Francis Carco, Derain, Charles Dullin, Max Jacob, Pierre Mac Orlan, Maupassant, Modigliani, Picasso, Utrillo, Van Dongen ou Vlaminck. On reste pantois devant une telle diversité et un tel éclat de talents.
Pourtant deux personnalités émergèrent parmi ce beau monde, pourtant particulièrement relevé : l’une était Roland Dorgelès le futur Président de l’Académie Goncourt. L’autre était l’âne Lolo, hôte sympathique de la cour du cabaret, qui ne recherchait pas particulièrement la notoriété, mais qui connut la célébrité grâce à l’aptitude qu’il avait à remuer vivement de la queue pour manifester son contentement, à la condition que l’on lui donnât à manger des carottes.
Roland trouvant que d’une part ce talent restait inexploité, et que d’autre part le cubisme qui venait d’éclore était une fumisterie, résolut en 1910 de métamorphoser le quadrupède en peintre de talent en attachant à sa queue un pinceau, qui trempé dans des couleurs, en badigeonnait une toile, pourvu que l’on lui présentât la nourriture appropriée.
On veilla à immortaliser l’évènement en photographiant Lolo en pleine frénésie créatrice, et en présence d’un huissier qui fut chargé de rédiger un exploit de l’exploit.
En hommage à Lolo, on attribua à l’auteur de la toile le pseudonyme de Boronali, qui est l’anagramme d’Aliboron. On lui forgea également un état-civil, et c’est ainsi que Joachim-Raphaël Boronali, peintre italien, naquit à Gênes en 1885, et devint le premier artiste à peindre avec sa queue. Roland intitula le tableau : « Et le soleil s’endormit sur l’Adriatique » et après l’avoir signé J.R.Boronali, il l’exposa au Salon des Indépendants.
Joachim-Raphaël publia même sa profession de foi, où il exposait sa vision de la peinture, dans un « Manifeste de l’excessivisme » qui comme l’on s’en doute, glorifiait l’excès.
Aussi bien l’œuvre que son auteur rencontrèrent le succès le plus vif, tant auprès du public que des critiques d’art, l’un d’entre eux lui trouvant même un excès de sensibilité.

Lorsque la photo fut dévoilée, et que maître Brionne l’huissier de justice, rendit public son rapport en révélant la supercherie, beaucoup durent bien rire ce soir-là, et pas seulement au Lapin Agile.
L’Art Moderne se serait bien passé de cette publicité, de même que ses critiques spécialisés qui n’en sortirent pas grandis. Ils sombrèrent dans l’oubli, à l’inverse de Lolo dont on peut aujourd’hui contempler l’œuvre qui est exposée au musée de Milly-la-Forêt, à l’Espace culturel Paul Bédu. La vérité oblige à dire qu’elle n’y dépare pas.

L’Art Moderne est une source apparemment inépuisable de canulars.
Boris Lange un jeune présentateur de télévision hollandais, résolut de présenter dans un musée la reproduction d’un tableau tiré du catalogue d’IKEA, qu’il prétendit de la main d’Ike Andrews, peintre imaginaire et soi-disant célèbre, et notamment auteur de Ektorp, Norden, Dalskär qui ne sont que des noms de meubles empruntés à la documentation de l’enseigne. Les visiteurs du musée furent invités à donner leur avis sur l’œuvre et à lui attribuer une valeur marchande, certains allèrent jusqu’à 2,5 millions d'euros, alors que la société de meubles suédoise qui n’avait aucun sens du commerce, la vendait dix euros.

A l’inverse de Lolo et d’Ike Andrews, certains montrèrent leur courage en allant jusqu’à signer leurs œuvres de leur propre nom. C’est ainsi que Paul McCarthy revendiqua un plug anal, qui avait pour originalité d’être vert et gonflable, et surtout d’être installé Place Vendôme, au lieu de son emplacement de prédilection supposé.

L’Américain Jeff Koons n’hésita pas à offrir à l’admiration des foules, une langouste rouge à moustaches, en aluminium polychrome et chaîne d'acier peinte, intitulée Lobster, qui veut dire homard en anglais. Et bien que langouste se traduise par crayfish, elle fut néanmoins exposée dans le Salon de Mars, au Château de Versailles, au mépris de toutes les règles de dénomination des crustacés.

Anish Kapoor alla jusqu’à installer toujours à Versailles, mais dans les jardins cette fois pour des raisons d’encombrement, une sorte de gigantesque entonnoir d’acier d’une soixantaine de mètres de longueur qui fut baptisé on ne sait pourquoi : Le vagin de la reine. Il se serait agi de celui de Marie-Antoinette semble-t-il, dans lequel je ne me serais pas personnellement aventuré, mais on comprend que Louis XVI ait eu quelque mal à aller au fond des choses.
Le plus original des artistes est indiscutablement celui qui à l’abri du pseudonyme de Banksy, dissimula dans un cadre une broyeuse à papier, qui entra en action dès la fin des enchères lors d’une vente à Londres. La reproduction sur papier de La fille au ballon rouge avait trouvé acquéreur pour la somme d’un million d’euros seulement, mais il faut dire qu’il n’y avait qu’un seul ballon. Le prix étant sans doute jugé sous-estimé, le mécanisme entra en action et découpa en lanières la moitié inférieure de l’œuvre où figurait la fillette, laissant indemne le ballon rouge. C’est ainsi que naquit un nouveau tableau, unique en son genre, et donc d’une valeur accrue.
Banksy est accoutumé à se jouer des prix de ses œuvres, ayant difficilement trouvé acquéreur en 2013 près de Central Park à New York pour 60 $ alors qu’elles étaient cotées 20000 $. Cet artiste dont par ailleurs on ignore tout de la véritable identité, se moque avec courage de la valeur marchande des œuvres d’art, qui n’a pas d’autre fondement que financier, et d’où l’art est totalement absent. Il faut s’attendre à ce qu’il crée d’autres surprises.

Bernard la 4ème fortune du monde, et la première de France à 72 milliards d’euros est un polytechnicien avisé. Cet homme d’affaires de talent, comprit aussitôt l’intérêt de l’éclosion de cette sublime esthétique, et voulut rester dans le vent de l’histoire. Ayant l’art du business, il entreprit de se lancer dans le business de l’art. Il construisit donc un musée où le contemporain est à l’honneur, et où les visiteurs peuvent admirer notamment une toile de Jean-Michel, représentant une tête de mort qu’un Japonais fortuné acheta pour 110,5 millions de dollars. Il n’y a pour l’instant dans le musée de Bernard, ni homard ni même vagin, mais patience, cela ne saurait tarder.

Ceux qui portent intérêt à ces manifestations de la modernité peuvent se diviser en deux groupes.
L’un se compose de personnages qui ne se font aucune illusion sur leur valeur artistique, mais qui s’attachent uniquement à leur cote comme ils le font pour leur portefeuille boursier.
L’autre est constitué d’une minorité d’admirateurs qui à l’inverse du bas peuple, s’extasient devant les toiles monochromes de Klein ou l'urinoir de Duchamps. Ce qui démontre que seul un esprit supérieur est apte à déceler le génie, là où le vulgaire ne voit que fumisterie. Aussi je ne m‘étonne pas qu'il ait fallu attendre pas moins de 18 000 ans, pour que l’art évolue depuis les minables fresques des grottes de Lascaux, jusqu’aux sublimes œuvres contemporaines.

Il existe à Genève, des Ports francs et Entrepôts de Genève, ou PFEG pour les intimes. Il s’agit d’une sorte de forteresse à l’hygrométrie constante, inviolable, blindée, antisismique et probablement antiatomique, qui recèle plus d’un million d'œuvres d'art. L’ensemble qui couvre 15 hectares, vaudrait environ 80 milliards d’euros. Il y en a pour tous les goûts : Picasso, Rembrandt et Modigliani, pour ne citer que les moins connus, sans compter quelques broutilles : or, diamants et crus d’exception. Seules les hautes fortunes et les marchands d’art, sont admis dans le saint des saints, où en revanche ni les droits de douanes ni la TVA n’ont droit de cité.
La Suisse n’est pas le seul endroit de la planète à accueillir ces temples de l’art, car les PFEG ont essaimé ces dernières années à Singapour et au Luxembourg.
Les amoureux de la beauté devraient être ravis que tant de chefs-d’œuvre soient tenus à l’abri, même de leur regard.

StJust
Envoyé le :  27/1/2019 10:31
Plume d'or
Inscrit le: 17/5/2009
De: 33
Envois: 1920
Re: De l'art moderne
J'admire d'une part vos connaissances précises sur le sujet et surtout le style pour nous faire part de vos réflexions éclairées.

Je l'ai déjà dit sur ce sujet : Lorsque l'art moderne nous hérisse le poil, c'est l'art maux derme !...

Un véritable plaisir répété que de vous lire.

Amitiés. St Just

NoireLune
Envoyé le :  14/2/2019 12:14
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 20/11/2011
De: Où le rêve rit...
Envois: 31974
Re: De l'art moderne

L'art est devenu à l'image de notre société...Un gigantesque casino...
L'art nique par l'arnaque c'est bien connu
Bon ça n'empêche pas d'admirer d'intéressantes expos d'art plus conventionnel...


Très amicalement... NL
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