En 1968, passer un concours était un bon détour
pour faire plaisir aux parents sans s'impliquer complètement
avec comme acquis la dactylographie
la sténo pour réussir et puis pouvoir se dire
qu'au bout d'un an, on serait titulaire, donc fonctionnaire
pour les parents on était casé fallait plus s'inquiéter
on ne peut rien nous faire si on est fonctionnaire
cette certitude arrête les études
et l’État trace l'avenir pour ceux qui ne savent quoi choisir
mais on n'a pas demandé aux agents titularisés
ce qui leur pourrait leur faire plaisir pour les voir sourire
tous avaient le secret d'une carrière avortée
il fallait s'y faire quand on est fonctionnaire
le temps semble trop long travail pas folichon
si derrière son bureau on tape le J.O.
En 1970, on connaît l'amour avec un homme qui un jour
veut qu'on quitte son Job pour mettre de jolies robes
prudence, car quitter son poste quand on est fonctionnaire
entraîne la perte d'avantages ça peut-être galère
et
on ne peut rien nous faire quand on est fonctionnaire
des années plus tard avec un autre homme sans qu'il le sache en somme
on s'arrange pour biaiser l'Etat
la naissance d'un enfant pouvant être programmée
celui-ci peut arriver en avril ou en mai
et avec les 3 mois pour la maternité on peut y rajouter les congés
on peut aussi avoir la possibilité de travailler à mi-temps
pour élever les enfants
se mettre en mise en disponibilité quand on est débordée
le goût de ce travail imposé s'étant de plus en plus émoussé
on compte ainsi les années pour une retraite planifiée
sur la somme de nos 10 dernières années
mais on ne peut rien nous faire car on est fonctionnaire
pourtant on nous permet de partir avant l'âge
en faisant miroiter tous les avantages
on ne voit pas qu'il n'y a plus de recrutement
car pour nous on a un pied dedans
quand l’État pense, il se venge
il retire les absences d'une carrière qui avait su tant nous plaire
et maintenant
Il supprime tous les postes qui lui semble encombrants
on se retrouve coincés avec retraites étriquées
pour rallumer désirs améliorer l' avenir
on se prend pour un artiste écoute l' imaginaire
oublier le passage triste d'une vie de fonctionnaire
et l'on prend du bon temps en comptant son argent
libérée d'un carcan très encombrant
pour découvrir enfin les artisans
----------------
Geneviève