Tu avais quatre ans de plus que moi, et tu étais mon idole!Toujours un oeil bienveillant posé sur ma personne, toujours une attention passionnée.J' étais en adoration devant toi, tu représentais le frère que je n' avais jamais eu!Notre intimité était trés forte, si solide que jamais je n' aurai pensé que tu puisse un jour me quitter!Mais, ce jour là est apparu, et tu m' annonçais que tu allais être loin pendant des mois entiers!
Ton absence fut terrible, mais quelque peu supportable.Alors j' attendais anxieusement ton retour qui paraissait presqu' impossible:Tes lettres que je lisai avec amour me réchauffaient le coeur mais, ma tristesse restait impénétrable.Pourtant, comme tu me l' avais promis, tu es revenu prés de moi;je croyais alors que mon cauchemard avait pris fin et, je m' étais hélàs bien trompée!
Ma peine allait reprendre son cours, et, ne jamais s' arréter!Un beau jour d' été, où le soleil resplendissait, tu es venu m' annoncer
que tu partait encore une fois mais, qu' aprés ce voyage,plus rien ne nous séparerait!Hélas, ce voyage serait éternel:Je passais donc deux mois paisiblement, recevant régulièrement de tes nouvelles qui me réconfortaient le moral.Mais la cruauté du destin frappa à ma porte:Ce jour là , j' ai cru que mon coeur allait se vider;on m' informa de ton accident et de ton état!Je savais que ton côma vaincrait malgré tous les efforts que tu maintenais pour préserver la vie.Pendant prés de trois semaines, je ne vivais que d' espoir, désirant de toutes mes forces ta survie!Les jours s' écoulaient, et , je revoyais dans les pensées tous les moments agréables que l' on avait vécu ensemble.Et un samedi matin, alors que je rentrai chez moi, èspérant accueillir de bonnes nouvelles,je trouvai la maison déserte;puis, ma mère arriva, l' air de rien, insoupçonnable.Mais dans son attitude, quelque chose m' échappait;alors, prenant mon courage à deux mains, me cramponnant à ma fièrté, je lui posai la question traditionnelle:"Comment va-t-il?", seuls trois mots sortirent de la bouche de ma mère:"Il est mort".Non, ce n' était pas possible!Tu n' aurais pas pu me faire ça!Tu n' avais pas le droit de me quitter!
Hélà s, tu n' as pas eu le choix;toi qui m' avais dit un jour:"Seule la mort nous séparera"!C' est comme si tu l' avais pressenti!
Pourquoi m' avoir caché la torture qui allait me harceler ?Hélas, maintenant tu ne peux plus me répondre!Mais malgré tout, je sens que, du lieu où tu reposes, tu veilles encore sur moi!Et je t' en suis reconnaissante car je ne me sens pas seule;Mais vois-tu, lorsque je suis venue au chevet de ta tombe, les fleurs resplendissaient,le vent était frais,le ciel découvert;mais, le silence qui pesait entre toi et moi me déchirait le coeur, et l' angoisse m' assaillît alors.J' étais immobile devant cette belle pierre qui à présent est ta demeure;je pensais à toi,là sous mes pieds,inerte,sous cette terre!Et lorsque tu es parti, tu m' as ôté la vie,rien ne me parait plus ignoble que la mort!Car s' il y avait un dieu qui soit-disant est notre père, alors pourquoi dérobe-t-il la vie à ceux qui sont sages,qui sont bonheurs,qui sont amours?
nov1983
