Elle avait les cheveux couleur sagesse,
J’avais encore le teint rose et pétillant.
Chaque semaine, je lui rendais visite
Dans son petit appartement,
Pour jaser de la pluie, du beau temps,
De ses souvenirs, sa campagne,
Ses pertes et ses regrets.
Elle aimait par-dessus tout, la lecture,
Elle dévorait quantité de livres.
Mais ses yeux, maintenant, ne filtrent plus
Qu’un mince filet de lumière.
Alors, je lui raconte avec moults intonations
Les histoires qui la transportent loin des tourments.
Puis, vint un moment, où elle met ses souliers,
Ferme les yeux et se berce tout doucement.
Je crois qu’elle part en ballade avec les mots
qui défilent sa mémoire d’un passé fleuri.
Lorsque je tournais les pages,
Elle avait ce sourire qui effaçait toutes ses rides;
Je n’y voyais que sa jeunesse.
Un jour, j’ai dû partir, le cœur un peu gros
De la laisser là, seule, dans son appartement.
Alors, je lui envoyais par la poste
Ma voix et ses histoires préférées.
Ce sera mon dernier cadeau
Car ses mains tremblent trop
Et son joli sourire s’est effacé.
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sylvianni
