-Ah! C’est vous le nouveau gestionnaire des antidotes émotionnels. Bonjour, je m’appelle Gontrand. Avez-vous suivi votre cours de sécurité sur les mélanges?
-Bien sûr
-D’accord, c’est primordial pour éviter les catastrophes. Nous fournissons la majorité des hôpitaux psychiatriques. Un mauvais dosage et c’est une réaction en chaîne, aussi destructrice que la bombe d’Hiroshima.
-J’en suis tout à fait conscient. M. Gontrand.
-Tant mieux, si vous avez la tête sur les épaules, votre prédécesseur a tout simplement perdu la sienne, en mettant le mauvais antidote à la terreur. Il est lui-même devenu patient de l’aile psychiatrique.
-Ah bon, dit le nouvel employé, en avalant difficilement sa salive.
-Hum…votre front semble produire de la sueur, j’ai provoqué chez-vous de la peur. Laissez-moi en récolter un peu, pour la mettre en lieu sûr. Nous avons des demandes de plus en plus grandes pour cette émotion, avec la popularité des sports extrêmes, les parents en dissolvent discrètement dans le breuvage de leurs enfants pour éviter leur perte, par un sentiment d’invincibilité.
-Venez, venez hum… votre nom déjà ?
-Jay, mon prénom est Jay.
- Et bien Jay, emboîtons le pas, je vais vous montrer les lieux de mélange et d’entreposage de nos précieux produits. Voici la salle blanche où tout contaminants est détruit à la seconde près. C’est cette technologie qui fait notre réputation et nos rentrées d’argent. Toujours mettre votre sarreau, gants et cache-nez. Tous nos mélanges se font au compte-goutte, les méthodes sont soigneusement élaborées, ici. La recherche se fait dans cet autre local, lequel vous n’aurez pas accès pour le moment, cela prend aux moins deux années d’expertise avant d’y accéder. L’entreposage est au bout du couloir, elle s’ouvre avec votre odeur corporelle qui est unique, comme le sont vos empreintes digitales. Là , tout y est rangé par catégories d’émotions. Soient : inoffensives, réactives, poisons ou thérapeutiques pour n’en nommer que quelques-uns, vous vous y habituerai rapidement.
Nous allons commencer par un antidote de base pour ceux ayant des problèmes de santé mentales. Comme vous le savez, la plupart sont anxieux, tristes et découragés. L’antidote pour cela est : 40 gouttes de calme, 20 de joie et 10 de confiance en soi. Allez-y, procéder, je vous regarde faire. Parfait mon cher apprenti. Voici la liste de tous les antidotes, préparez-les, je reviens vous voir dans une heure ou deux. Ils devront être stockés dans la section thérapeutique.
-D’accord, Monsieur Gontrand.
Wow, facile comme boulot et avec un salaire fort grassouillet. J’ai déniché la poule aux œufs d’or!
Jay fit ce métier pendant 1 an et demi, plus que six mois, maintenant, avant de gravir les échelons et passer à la section recherche. Mais le décès soudain de sa mère, le paralysa de toute ambition. Jonglant jour après jour avec le poids de la douleur, du chagrin et de la rage. Pour aller de l’avant et en finir avec la toxicité de ces émotions, devenues presque poisons, il décida de se fabriquer lui-même un antidote.
-Il me faut avant tout du soulagement, un sentiment d’énergie et de la fierté. Avec cela, je pourrai recommencer le boulot et me refaire une vie. Je crois bien que la proportion 3 :2 serait idéale et efficace. Le problème, c’est que comme je suis en congé de maladie, je ne peux y entrer sans déclencher l’alarme, de plus, avec ma dépression mon odeur corporel a changé….
Et si j’utilisais l’alun et le charbon actif? Ils neutralisent les odeurs non?
De la tête au pied, comme allant au combat, Jay se recouvre de ces produits chimiques puis se dirige vers le laboratoire. À cette heure-ci c’est la pause, ça devrait être facile de passer la porte d’accès. Il se met devant, mais rien ne se passe. Évidemment, quelqu’un l’avait remplacé depuis le temps, donc une autre odeur était dans la mémoire électronique. Zut, c’est raté. Jay se faufile aussi rapidement que possible puis referme la porte d’entrée principale sans faire de bruit. Démarre son auto et retourne sur son fauteuil préféré, délavé, par des mois d’ennui. Même lui, avait l’air déprimé.
Jay se résigne à appeler au laboratoire et demander à son formateur s’il ne pourrait pas lui rendre service en lui préparant le 3 :2. Sa réponse fut ambivalente. Je ne connais pas cette formule Jay, d’où sort-elle? De ma tête M. Gontrand, j’y ai longuement réfléchi et je crois que c’est le dosage parfait pour moi, pour me remettre sur pied et reprendre mon poste.
-Écoute, c’est contre le règlement tu sais..je vais y penser. Je te ferai part de ma décision d’une façon ou d’une autre.
Deux jours plus tard, Jay reçoit, par courrier recommandé un colis de M. Gontrand. Sans tarder il l’ouvre, découvrant un flacon où il est inscrit 3 :2.
Il l’a fait, il l’a fait! s’écrie Jay, enfin, je vais me sortir de cette dépression qui m’empoisonne la vie. Jay ouvre le flacon, boit d’un trait l’antidote, puis s’endort, pour se réveiller dans un hôpital psychiatrique. C’est là qu’il se souvient des paroles de M.Gontrand : Nous fournissons en antidotes, la majorité hôpitaux psychiatriques, notre réputaion fait nos rentrées d’argent.
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sylvianni
