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     LES PARENTS DE LAURENCE
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Expéditeur Conversation
ruedespoemes
Envoyé le :  2/4/2018 8:46
Plume de satin
Inscrit le: 23/3/2018
De:
Envois: 18
LES PARENTS DE LAURENCE


Il s’appelait Paul. Elle s’appelle Marie. Ils sont nés dans les années vingt. Au début de la guerre, ils sont séparés pour la première fois. Il n’y a pas longtemps qu’ils se sont mariés. La séparation leur est pénible. Il doit partir à la guerre.
Paul ne prend pas cela de gaieté de coeur. Il a mal au fond de son âme de quitter sa jeune épouse. Il a peur de cette guerre. Il a l’angoisse de ne pas revenir. Il sait, son père a fait l’autre, la grande comme il disait. Il en était revenu avec une jambe en moins. Oui Paul a peur, il n’est pas un héros. Pourtant il sait que partir est inéluctable et qu’il doit faire comme tant d’autres.
Marie ne cache pas ses larmes. A-t-elle des pressentiments ou tout simplement de l’angoisse. Ils s’aiment tellement.
Paul part, non pas la fleur au fusil, cela c’était l’autre guerre. Il part ne sachant pas où, ni pourquoi.
C’est la guerre.
Leur première séparation qu’ils auront à subir durera cinq ans.
Paul est fait prisonnier. Après un rapide transit dans un camp français il part direction l’Allemagne.
Il travaille dans une usine. Cinq ans de vie gâchée, perdue à jamais.
Cinq ans sans revoir celle qu’il aime, une éternité.
Quelques colis, quelques lettres et puis enfin la libération. Paul est désemparé d’être libre, livré à lui-même, sans entendre le contremaître ou le soldat hurler dans ses oreilles. Il est perdu, il se sent encore plus seul que dans le camp.
Et puis il la retrouve, elle est belle, fraîche, un peu maigre peut-être. Mais vivante et dans ses bras. L’amour triomphe, il est le plus fort. Mais l’angoisse est là qui s’installe et ne le quitte pas.
Il va lui falloir beaucoup de temps, d’amour, de patience pour qu’enfin il redécouvre la vie. Alors il se dit que la vie est belle et qu’il faut en profiter. Il lui fait un enfant. La vie est de plus en plus belle, pourtant la nuit, couché près de celle qu’il aime, il fait des cauchemars. Bruits de bottes, bruits de batailles, bruits d’usine. Silence aussi, car le silence il en a peur. Il attend que l’on vienne le chercher. Peut-être pour le tuer. La petite Laurence naît et c’est la joie qui envahit le couple.
Laurence grandit. Marie ne travaille plus ou bien si elle le peut, elle travaille chez elle, elle est couturière et commence à se fatiguer les yeux pour gagner un peu d’argent. Paul travaille en usine dans la confection, il est heureux maintenant. Plus rien au monde ne peut les séparer.
Les années passent, Paul change d’usine et Marie continue de coudre pendant des heures en écoutant le poste de TSF. La radio est allumée sur « radio Luxembourg. » C’est le temps de la famille Duraton et d’un feuilleton qui réjouit son coeur de midinette : Nicole et l’amour. Elle est passionnée par le feuilleton et elle écoute en rêvant.
Laurence devient adolescente, Paul change d’usine pour gagner plus. Marie a de plus en plus de mal à trouver du travail à domicile. Mais d’un seul coup c’est le choc pétrolier, le chômage, la vie qui devient plus dure.
Ils se rattachent de plus en plus l’un à l’autre. Ils déménagent. Ils vont en HLM, car la maison où ils habitaient est vendue. Ils n’osent pas l’acheter. Quelque temps ils sont heureux dans leur appartement. Puis Laurence rencontre l’homme qu’elle va épouser. Il est cultivateur et ses parents possèdent une ferme dans la beauce. Elle quitte ses parents. Ils sont désespérés, mais le principal pour eux, c’est que leur fille soit heureuse.
Ils déménagent, ils ne se plaisent plus où ils sont. Ce sera la dernière fois pour lui. Il est fatigué. Fatigué de vivre, d’avoir des illusions. Il aime encore Marie bien sûr, mais son esprit commence à donner des signes de défaillance. Son corps lui aussi est usé. Alors il est obligé de partir ailleurs pour se faire soigner. C’est la dernière séparation, l’ultime. Celle dont on ne revient pas. Doucement il se laisse couler et s’éteint. Marie est à ses côtés, elle ne se rend même pas compte qu’il est parti.
Le temps a passé, cela fait plus de dix ans. Marie a demandé au Bon Dieu de la faire mourir. Il ne l’a pas voulu. Alors elle traîne son chagrin avec elle de jour en jour. Presque chaque jour, elle va le voir au cimetière. Elle lui parle, il l’écoute, et même parfois lui répond.
Marie pleure, elle ne cesse de pleurer celui qu’elle aime tant.
Marie est maintenant une vielle femme qui attend son heure et qui s’en approche doucement. Elle vit dans le souvenir de Paul, le seul homme qu’elle a aimé.
cyrael
Envoyé le :  2/4/2018 11:15
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 30/10/2005
De: ****
Envois: 83079
Re: LES PARENTS DE LAURENCE


triste...destin d'un couple..

elle est partie,

mais souvent, elle ira se recueillir sur la tombe
de PAUL..

Il aime encore Marie bien sûr, mais son esprit commence à donner des signes de défaillance. Son corps lui aussi est usé. Alors il est obligé de partir ailleurs pour se faire soigner. C’est la dernière séparation, l’ultime.


Le temps a passé,

Presque chaque jour, elle va le voir au cimetière. Elle lui parle, il l’écoute, et même parfois lui répond.


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EVE LYNE Nadine poète d'OASIS mon amie, merci pour tout

matogrosso
Envoyé le :  5/4/2018 2:20
Plume de platine
Inscrit le: 2/9/2015
De:
Envois: 6726
Re: LES PARENTS DE LAURENCE
wow

quelle superbe narration!!!!


bonne nuit


MG


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"il est conseillé de toujours répondre aux imbéciles par le silence"!

adn
Envoyé le :  5/4/2018 21:43
Plume de diamant
Inscrit le: 24/6/2007
De: Landes
Envois: 17432
Re: LES PARENTS DE LAURENCE
Pas très gai mais bien conté.

Adn


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