Sur les berges du port aux dames,
Tu me faisais tourner la tête.
Je t’admirais de ma fenêtre
Le cœur battant tout feu, tout flamme.
Sur le quai près des hangars,
Là où les femmes de marins
Revenant de pays lointains
Attendaient du matin au soir.
Tu accompagnais bien souvent
Une femme aux traits fatigués,
L’air un peu lasse et intriguée,
C’était sans doute ta maman…
J’avais seize ans, fou amoureux,
Au cœur tu m’avais mis le feu.
Les jours d’arrivées des bateaux,
Bien souvent les femmes pleuraient
En larmes sèches qui ne coulaient
Qu’il fasse pluie ou même beau.
Je les ai vues les yeux inquiets
Quand les bateaux à l’horizon,
Voiles dehors, hauts pavillons,
Approchaient du port bondé.
Puis un beau jour je compris
Le drame qui vous arrivait.
Le marin que vous attendiez
En mer sans doute avait péri.
Mon amour est resté secret,
Tu ne sauras donc jamais...
Témoin caché de votre drame
Qu’un jeune amoureux éperdu
Que tu n’auras jamais connu
Jeune beauté du port aux dames
Chante pour toi cette chanson
En regardant un fier galion
Se rapprocher à l’horizon.