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     Une poupée dans la Ghouta
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Expéditeur Conversation
Louandrea
Envoyé le :  9/3/2018 14:35
Plume d'or
Inscrit le: 12/6/2009
De:
Envois: 1618
Une poupée dans la Ghouta
En lecture ici :
http://www.poesie-sabine-aussenac.com/cv/portfolios/une-poupee-dans-la-ghouta


Sur un tas de cendre humaine une poupée est assise
Ou plutôt serrée dans les bras autrefois potelés d’une enfant.
C’est l’unique reliquat de la vie qui autrefois fut normale
Dans l’ancien verger de Damas. Quand l’oasis charnue embaumait
De ses fastes les paisibles villages où seul régnait l’ordre du châwî.
Là où était la beauté se tient, éventré, le désordre.
Là où palpitait l’eau vive, l’‘addân, les peupliers aux lignes accablées ne boivent plus que
Leur mémoire.

La poupée les a vus :
Les enfants aux yeux fixes tournés vers le ciel impitoyable, leurs petites mains encore
Suppliantes accrochées à leurs gorges de tourterelles suppliciées,
Quand le gaz faisait de leurs rires un enfer.
Les mères portant à bout de bras les bébés émaciés au ventre ouvert
Dépecé empli du déluge de fer de feu d’acier de sang, les mères portant le fruit de leurs
entrailles soudain réduit en charpie, piétas portant leur croix.
La poupée les a entendus :
Les bombes déchiquetant la nuit de leurs hurlements incessants les fracas sans nom
Des Maisons des immeubles des écoles des hôpitaux des fermes éplorées
Quand là où la main de l’homme avait forgé demain, soudain tout redevenait poussière
Du passé.
Les cris des vieillards aux djellabas rougies, les gémissements des mamans aux abayas
soudain empourprées, les pleurs des bébés aux linges vermeils. Puis
Le silence.

La poupée a de la chance car elle est protégée. Protégée par cette enfant
Survivante qui a caché les yeux de son jouet, car ce jouet est l’unique autre survivant dans
Le verger cimetière contemplé par un monde devenu fou et aveugle et paralysé
Un monde sourd aux appels
Des enfants de la Ghouta de Damas d’Alep
Comme il est sourd aux appels des enfants qui suffoquent dans l’eau bleue devenue noire
De Mare nostrum.
Les yeux de la poupée ne verront pas la bombe qui tuera cette enfant.
La terre est bleue comme une orange
Les hommes sont faits pour s’entendre pour se comprendre pour s’aimer
Je dis « tu » à tous ceux qui s’aiment
Et la poésie sauvera le monde…
Ou pas, dans le printemps de la Ghouta
Quand nous célébrons le Printemps des poètes.
La poupée est aveugle.


Mais l’enfant, elle, nous regarde, nous regarde, nous regarde.

Sabine Aussenac.

http://sabineaussenac.blog.lemonde.fr/2018/03/09/une-poupee-dans-la-ghouta/

Inspiré par :

Une poupée à Auschwitz


Sur un tas de cendre humaine une poupée est assise
C’est l’unique reliquat, l’unique trace de vie.
Toute seule elle est assise, orpheline de l’enfant
Qui l’aima de toute son âme. Elle est assise
Comme autrefois elle l’était parmi ses jouets
Auprès du lit de l’enfant sur une petite table.
Elle reste assise ainsi, sa crinoline défaite,
Avec ses grands yeux tout bleus et ses tresses toutes blondes,
Avec des yeux comme en ont toutes les poupées du monde
Qui du haut du tas de cendre ont un regard étonné
Et regardent comme font toutes les poupées du monde.

Pourtant tout est différent, leur étonnement diffère
De celui qu’ont dans les yeux toutes les poupées du monde
Un étrange étonnement qui n’appartient qu’à eux seuls.
Car les yeux de la poupée sont l’unique paire d’yeux
Qui de tant et tant d’yeux subsiste encore en ce lieu,
Les seuls qui aient resurgi de ce tas de cendre humaine,
Seuls sont demeurés des yeux les yeux de cette poupée
Qui nous contemple à présent, vue éteinte sous la cendre,
Et jusqu’à ce qu’il nous soit terriblement difficile
De la regarder dans les yeux.

Dans ses mains, il y a peu, l’enfant tenait la poupée,
Dans ses bras, il y a peu, la mère portait l’enfant,
La mère tenait l’enfant comme l’enfant la poupée,
Et se tenant tous les trois c’est à trois qu’ils succombèrent
Dans une chambre de mort, dans son enfer étouffant.
La mère, l’enfant, la poupée,
La poupée, l’enfant, la mère.
Parce qu’elle était poupée, la poupée eut de la chance.
Quel bonheur d’être poupée et de n’être pas enfant !
Comme elle y était entrée elle est sortie de la chambre,
Mais l’enfant n’était plus là pour la serrer contre lui,
Comme pour serrer l’enfant il n’y avait plus de mère.
Alors elle est restée là juchée sur un tas de cendre,
Et l’on dirait qu’alentour elle scrute et elle cherche
Les mains, les petites mains qui voici peu la tenaient.
De la chambre de la mort la poupée est ressortie
Entière avec sa forme et avec son ossature,
Ressortie avec sa robe et ses tresses blondes,
Et avec ses grands yeux bleus qui tout pleins d’étonnement
Nous regardent dans les yeux, nous regardent, nous regardent.

Mosche Shulstein

"Ces voix toujours présentes"
Anthologie de la poésie contemporaine européenne concentrationnaire



https://www.francetvinfo.fr/monde/revolte-en-syrie/syrie-les-enfants-de-la-ghouta-racontent-la-guerre_2625644.html

https://aa.com.tr/fr/politique/syrie-la-ghouta-orientale-une-ville-de-d%C3%A9bris-/1077470

http://books.openedition.org/iremam/749?lang=fr

« Deux secteurs très bien irrigués, à l’ouest et à l’est, encadrent un secteur moins bien doté au sud ; bénéficiant d’un apport supplémentaire d’eau venue de l’Hermon, la Ghouta occidentale, autour des villages de Kafarsousse et de Darayya, a de riches jardins où sont associés arbres fruitiers, vignes et cultures de légumes ; moins arrosé, le secteur sud est planté en oliveraies sur les terres proches de la ville ; puis s’étendent des champs ouverts de céréales avec des vergers par taches. C’est la Ghouta orientale qui offre la plus grande étendue de vergers et la plus grande variété de cultures : jardins maraîchers près de la ville, puis vergers occupant l’ensemble du champ, associés aux cultures de légumes, au chanvre ou aux céréales, tandis que les noyers bordent les canaux ; plus loin, la densité des arbres diminue, le paysage s’ouvre, des rideaux de peupliers séparent les champs plantés en céréales ou en chanvre ; les oliveraies et les vignes s’étendent sur les terres moins humides des territoires nord et nord-est (villages de Berzé, Harasta, Douma). Consommés frais à la belle saison, ou mis en conserve pour l’hiver, les fruits et les légumes de la Ghouta suffisent au ravitaillement de Damas.

A l’est et au sud-est de l’oasis, une vaste zone de campagne ouverte, envahie par l’eau l’hiver, brûlée par le soleil l’été, s’étend jusqu’aux deux lacs, celui d’Ataïbé, déversoir du Barada, et celui de Hijané, déversoir de l’Aouajouaj, qui irrigue une vallée située quelques kilomètres au sud. C’est le Merj, ou « prairie », zone pauvre de pâturages et de cultures de céréales.

La Ghouta est, pour une bonne part, une région de petites propriétés, mais la bourgeoisie ou la classe au pouvoir à Damas a toujours essayé, à la fois pour l’agrément du séjour et pour les revenus qu’elles procuraient, de mettre la main sur les terres de l’oasis. Les grandes propriétés sont nombreuses surtout dans l’est et le sud-est de l’oasis et dans le Merj ; elles sont souvent exploitées en métayage, ou confiées à un représentant du propriétaire qui les fait travailler par des ouvriers agricoles.

Partout l’habitat est strictement groupé, en gros villages tassés sur eux- mêmes au centre de l’oasis, en fermes appelées « hoch », comprenant, groupés autour d’une ou deux cours, la maison du propriétaire, les logements des ouvriers et les dépendances ; ce dernier habitat indique la présence de grandes propriétés. La vie de la communauté est réglée par le tour d’eau ; pour chaque canal principal, un chaïkh al-nahr règle les éventuels conflits entre les villages, tandis qu’un châwî veille dans chaque village au respect des droits de chacun. »



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Mes sites web:

http://linktr.ee/sabine_aussenac

Lou, aux nuits rossignol...

anonyme
Envoyé le :  9/3/2018 17:14
Re: Une poupée dans la Ghouta
BOnjour LOuandrea, ce qui se passe dans la Ghouta est terrible, et on ne peut pas dire, hélas que cela va s'achever.
Une poupée qui porte dans ses yeux tout le bonheur auquel on droit tous les enfants du monde.
Mes bisous.

Capricorne
multani
Envoyé le :  9/3/2018 17:35
Plume de platine
Inscrit le: 23/7/2017
De:
Envois: 3734
Re: Une poupée dans la Ghouta
Merci pour ce partage

On a pas le droit de maltraiter , de faire souffrir des enfants , des innocents ,de se servir d'eux pour faire des guerres merci du partage
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