Faut-il manger pour vivre ? (Trois rondeaux pour le prix d'un, pour la santé)
Du poète trop maigre
à ce qu'on dit, je ne me nourris pas assez
C'est vrai, je perds du poids, or c'était annoncé
Mais je fais des efforts, chaque soir je cuisine
Alors ne me dis pas, méprisant, « Qui dort dîne »
De tous ces mots d'esprit, ça va, j'en ai assez.
Plus : par la faculté, suis toujours agacé
Quand, de l'anorexie, on me dit menacé.
« Si tu te sens pas bien, oublie la médecine ! »
A ce qu'on dit
Oh ! étais-je autrefois un mec bien balancé ?
Je me souviens d'un jour, d'un plat de crustacés
J'en mangeais comme quatre et j'avais bonne mine.
Dîner d'une crevette ? J'essaie... et me débine
« Avoir les yeux plus gros... C'est pas la panacée »
A ce qu'on dit
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Du poète sérieux
Ce soir j'ai fait un plat : dis-moi ce que t'en penses
Sera-t-il suffisant pour me remplir la panse ?
Même si ne suis jamais de faim saisi
En photo, sur l'écran, il m'avait fait envie
Et m'étais dit, Bruno, tu entres dans la danse.
Tu ne me croiras pas, je te fais confidence,
Je m'y suis mis tout seul, sans la moindre assistance
Et, surpris de moi-même, à la fin, m'étais dit
Ce soir j'ai fait un plat
Oh, n'ai rien mis dedans qui fut en abondance ;
Depuis longtemps déjà j'ai fini ma croissance,
Il faut qu'il soit léger et très vite servi.
C'est donc ce que j'ai fait et j'en étais ravi.
Immagine ma joie, mon plaisir, ma jouissance...
Ce soir j'ai fait un plat !
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Du poète rêveur
Je l'avais voulu froid, c'était pour le fêter
L'automne bourguignon aussi doux qu'un été.
Je pris un apéro de Suze avec glaçons
Et noisettes fumées cueillies en Lubéron
Quand j'avais séjourné, en, Apt, en février.
Mon plat ? De céleris et carrottes rappées
D'un quartier d'avocat (par chance rescapé)
Et tomate mondée aux rillettes de thon
Je l'avais voulu froid.
Je m'étais dit « prends donc un morceau de Comté »
Mais l'avais oublié et l'ai bien regretté.
Pour dessert j'avais fait un crumble aux marrons
Et m'étais délecté d'un cru de Sauvignon.
Ce repas d'une nuit où n'ai fait que rêver
Je l'avais voulu froid.
…...............................
Ce plat, je l'ai piqué sur le blog d'Isabelle
(J'y pars souvent fouiller tant j'en pince pour elle)
J'ai goûté, c'était bon, mais j'ai craint d'être noir.
A vous, toutes et tous, repus, je dis bonsoir.
Pourrai-je avoir tout ça en maison de retraite ?
Je n'en suis pas certain. L'affaire n'est pas faite
Tant pis, m'envolerai, comme dit le prophète
Tout nu, tout décharné, vers le ciel des poètes.
Keraban (© mardi 20 février 2018)
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J'aime la poésie qui me parle et qui chante
Lire plusieurs de mes livres : récits, roman, polar, essai, poèmes :
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