En ce temps de l’écrit inversé
Et du dire renversé
Les mots sont pressés
Qu’il en sort un son tressé
Le pauvre bouleversé
Sur le trottoir sa bille déversée
Regarde les gens tête baissée
Qui défilent devant lui, bustes dressés
En eux est mort l’humain
Ils détournent les yeux pour cacher le malin
Qui gîte en eux, et leur apprend son refrain
Pour qu’ils le chantent le jour de leur déclin
Le jour où la terre n’offrira que rocailles à leurs mains
Comme des ombres, ils erreront comme des nains
Et le malin sur son trône les fixera avec dédain
Et leur dira d’un ton haut, vous me souillez la vue, crétins
Il leur a appris à se faire la guerre
À hurler et danser la victoire des crinières
À offrir le pauvre à la mer
Et à agir avec haine et la fierté des pervers
Il a poussé Caïn à tuer son frère
Il a dressé et adopté les chiens de l’enfer
De son alchimie, il a rendu leurs cœurs de pierre
Il leur a murmuré, de vos œuvres soyez fier
En ce temps le silence clame ses maux
Lorsque les loups prennent en otage le mot
Pour laisser la place aux soi-disant dignes corbeaux
Dans un concert de musique pour faire danser les veaux
Aucun ne doit sortir de sa gorge, un son faux
La parole juste, honteuse a courbé le dos
Dans le brouhaha créé, son clamé n’a pas d’écho
Le mensonge dans son éclat de colère, a répudié le beau
J’ai clamé mes maux, au mur d’en face qui me fixait en silence
Il m’a regardé avec une moue pleine de clémence
Comme s’il me disait je ne peux alléger ta souffrance
Car la mienne auprès de la tienne, cela dépend des circonstances
Je regarde ce qui se passe en me taisant
Je ne peux ni crier, ni défendre face aux malfaisants
Je ne peux apaiser ceux qui contre moi, la peur les brisant
Ils s’appuient contre moi, je ne peux les aider, les apaisant
J’eus pitié de lui, et ne pouvant le consoler
J’ai donné cours à mes larmes et mes soupirs
Il me comprit, que j’étais fort désolé
En ce temps ou le taire règne sur le dire
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