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     Un matin pas comme les autres
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Expéditeur Conversation
Bauez
Envoyé le :  24/1/2018 22:21
Plume de soie
Inscrit le: 24/6/2008
De: Clermont-ferrand
Envois: 51
Un matin pas comme les autres
Ce matin je me lève plus tard que d'habitude. Cette panne de réveil me signifie mes abus de la veille. Je n'ai jamais bien toléré l'alcool. Le soleil brille de tout son éclat et illume mon appartement avec les volets grands ouverts. Pourtant, je peux le fixer sans m'en décoller la rétine et l'encéphale.

Mon appartement est en désordre plus qu'a l'accoutumée. Je ne me rappelle pas avoir invité des amis. Je me souviens seulement m'être couché tard après avoir arrosé mon augmentation de salaire au bar, juste au coin de la rue. Il y a bien ma voisine qui a sonné en pleine nuit, passablement saoule. Mais je l'ai reconduite rapidement afin de me coucher et de décuver.

Étrangement, je n'ai pas faim. Même le café dont je suis un addict depuis des années ne me tentent pas.

Je regarde par la fenêtre, et comme d'habitude, il y a une foule de personnes qui se ressemblent toutes. Elles se hâtent d'aller travailler sans se soucier de ce qui les entoure. Il ne faudrait pas être en retard, l'heure c'est l'heure à ce qu'on dit. Même les oiseaux se pressent de migrer. Ils impriment un vol rapide et organisé comme s'ils s'amusaient à danser ensemble d'une chorégraphie digne de Broadway. Tout ce remus ménage me dépasse totalement pour une fois.

J'enfile mes vêtements habituels. Un jean, un t shirt, un pull en laine, tous trois achetés la semaine précédente à la friperie du quartier. Je mets mes chaussures et je quitte mon appartement sans but précis en tête. Ce matin je n'ai pas envi de me presser pourtant on était jeudi. Le jeudi je fais quoi habituellement... Comme beaucoup de monde je vais au travail tôt le matin pour en revenir épuisé le soir. Je me couche tôt et je recommence le lendemain.

Mais non pas ce matin, je n'en ai aucune envie. Je décide de ne pas y aller. J'appellerai mon patron, toute escuse sera la bonne. Mon travail me paraît tellement ennuyeux maintenant que j'y pense. Je ne fais qu'entendre des accidentés voulant se faire rembourser d'un quelconque dommage. Et quand ce n'est pas ces clients difficiles c'est mon patron qui hurle comme un lion en cage.

Non ! Aujourd'hui je veux en profiter. Je décide de découvrir toutes les rues que je n'ai jamais parcourue. Cela ne me ressemble pas d'éviter les responsabilités pour flâner dans quelques ruelles. Mais à ce moment je suis passionné d'observer mes contemporains et d'essayer de ne pas me centrer sur ma propre existence.

Je découvre quelques étales, quelques bars et restaurants. Moi qui n'ai jamais mangé asiatique, je me dis soudain que ce serait intéressant de découvrir ces saveurs de l'Orient. Mais je n'ai pas faim. Aucune envie de me sustenter mais une infinie envi de découvrir quelque chose de différent. Tant pis, une prochaine fois, je passe mon chemin.

Après quelques minutes de marche touristique, je rentre dans le quartier des affaires situé non loin d'ici. Et là de grandes tours s'offrent à moi. D'immondes buldings avec des baies vitrées, cela me rappelle le travail mais je le vois d'un œil différent. Pourquoi ? Je ne le sais pas et je ne me pose pas la question. J'ai comme une envie de vomir devant tant dhommes en costume, de femme en tailleur prêts à marcher sur leurs congénères. Ils se ressemblent tous, dans cette fourmilière abjecte donc le seul but et de prendre de l'argent à ceux qui en ont besoin. Étrange faune que celle des banquiers, des actionnaires courant à travers le temps, et n'en profitant pas un instant. Je décide de quitter ce lieu pour m'en aller vers d'autres horizons plus propices à mon envi de déconnecter de ma vie si routinière.

J'ai bien accéléré le pas pour sortir de cette faune et après un court effort, je découvre un parc. Il est certes petit mais il s'en dégage une intimité qui me plaît beaucoup. Je m'assois sur un banc. Devant moi, des enfants jouent à faire s'enfuir de pauvres pigeons. Ils ne font pas attention à moi mais je me sens bien. J'aime cette sensation d'observateur invisible.

Après l'observation arrive l'introspection. À entendre les rires des enfants, je pense au fait que je n'ai construit aucune famille, ni relation durable à vrai dire. Je n'ai jamais pu aimé comme les vieux couples le racontent. Sûrement par peur de l'engagement, ou d'être moi même, peu importe j'ai encore le temps.

Je décide de quitter cet havre de paix et de découvrir un peu plus cette cité aux milles recoins inconnus. Je vois des hommes dans la rue, abandonnés par notre société, livrés aux cartons et au vin. Prêts à tout pour s'occuper quitte à se saouler et tout oublier.

Je me pose la question de ma propre carrière, un pion sur l'échiquier de l'inutilité. Je pourrai aider ces pauvres gens si je le vouvais, ne serait ce qu'en m'investissant dans une association par exemple. Mais je préfère investir sur mon plan épargne pour un jour pouvoir prendre une retraite au soleil et oublier ce travail qui n'apportait pas grand chose à la société mais tellement à nos chers actionnaires. Enfin ce matin n'y pensons pas, je suis en "congés" après tout.

Je me décide à prolonger la ballade dans la banlieue proche de mon quartier. Jamais je n'avais osé y mettre les pieds. À force de regarder la télé, on devient parano. Mais, en y rentrant, je n'ai pas la boule au ventre J'observe des gens de tous pays et de toutes couleurs, avec un language différent du mien composé de verlen et d'accents exotiques. Dans cette foule je ne vois que des gens, pas les monstres ce qu'on voit dans leurs émissions. Ils rient, chantent et dansent sur une musique que je n'entends pas à la radio. Bizarrement, je passe inaperçu.

L'église à 10 minutes à pied sonné le glas de midi. Soudain je pense au déjeuner prévu avec cette fille du bar. Elle était tout à fait mon style et si drôle, comme si nos humours respectifs sortaient du même moule. Ce sera peut etre elle mon changement de quotidien. J'avais encore une petite heure pour me le préparer et la rejoindre. Il est temps de revenir à la réalité si je veux de nouveau la quitter avec elle peut être.

Pour tout arranger, le vent se met à souffler et la pluie s'y met aussi. Mais je ne ressens aucune sensation d'humidité ou de froid. Je crois que je me suis habitué à ce temps où serait ce nouveau pull fait bien son travail ? N'ayant pas le temps de réfléchir à tout ça je m'en retourne chez moi.

Je monte les escaliers de mon bâtiment croisant ma voisine qui d'habitude me sourie pourtant aujourd'hui aucun signe d'amitié ou de complicité. Serait ce dû à un malaise par rapport aux événements de la veille ? Peu importe.

Je rentre enfin chez moi et par habitude j'allume la télévision tout en me dirigeant vers la salle de bain. La chaîne des infos se présente à moi, et après avoir déblatérer les mêmes nouvelles que la veille. Puis elle se met à parler de mon quartier. Apparemment un homme s'est fait assassiner la veille au soir. Je me demande comment on peut en arriver là et attenter à la vie de quelqu'un.

Je n'ai pas le temps d'analyser plus ce reportage. Mais en ôtant mes vêtements pour me laver, j'entends une sirène de police retentir. Je me dirige vers la fenêtre côté rue et un fourgon commence à se déployer barrrant la route et la circulation. J'entends quelqu'un courir dans les escaliers qui n'ont jamais été bien isolés. Je commence à me demander si un de mes voisins n'est pas le malheureux décédé.

Dans l'appartement du dessus les policiers commence à frapper puis défoncent la porte déjà fragilisée par le temps passé. La fameuse voisine commence à crier et j'entends d'un coup un calme s'installer. Serait ce elle qui aurait pu commettre un acte si singulier à cause de son état d'ébriété ? Non ce doit être une erreur cela fait plusieurs mois qu'elle est parmis mes voisins et elle n'a jamais haussé le ton. Elle ne ferait pas de mal à une mouche, ils doivent la questionner en tant que témoin après l'avoir calmée.

D'un coup mon histoire de rendez vous me semble dérisoire et j'ai une envie incontrôlable d'en apprendre plus sur cette incroyable affaire. Au fond de moi le curiosité de sortir de mon trou me domine. Il me faudrait seulement monter d'un étage pour avoir toutes les réponses à mes questions. Seulement je dois l'avouer je n'ai jamais aimé croiser les forces de l'ordre, je n'ai jamais rien eu à me reprocher mais je n'ai jamais été à l'aise avec le principe d'autorité.

J'observe par la fenêtre et le tableau qui ce matin me paraissait habituel est totalement fou. Trois voitures de police sont dans la rue afin de la bloquer. Ma voisine menottée est embarquée par une équipe de deux policiers assez costauds il faut l'avouer. Je les vois partir et une voix me dicte que c'est le moment de sortir de ma tanière et d'en apprendre plus sur cette histoire qui me sort de mon quotidien monotone.

Je passe le pas de ma porte, monte les escaliers de ce bâtiment qui a mal vieilli. La moquette au mur ne l'aide pas à être moderne. Plus que quelques marches craquelantes et j'aurai la réponse à mes questions. J'appercois le palier que je ne regardais jamais d'habitude. Mais aujourd'hui j'analyse chaque signe qui pourrait m'aiguiller. Mais à part une tâche de vin sur le sol grisé je n'aperçoit rien de particulier.

Puis j'arrive à l'entrée de l'appartement de ma voisine suspectée. Sa porte est complètement défoncé, les policiers ne font pas dans la dentelle quand il s'agit d'homicide apparemment. C'est le propriétaire qui ne va pas être content, si rappias qu'il est. Je décolle les bandes jaunes démarquant la scène de crime afin d'assouvir ma curiosité.

D'un coup une vision à travers le trou de la porte me glace le sens. Je suis en train d'observer un corps ensanglanté par terre. Je n'en avais jamais vu auparant et cela me trouble la vision. La peur fourmille dans mon corps à m'en exploser le cœur.

Je me rapproche et pousse la porte me protegeant de cette vision horifique. Je reconnais ce jean et ce t shirt certes neufs mais ensanglantés par une nuit agitée. Ce sont les miens.

Je m'avance encore pour observer le visage de ce corps inanimé. Soudain, c'est comme si se dessiner mon reflet dans le miroir. Il n'y a aucun doute, je suis nez à nez avec mon propre cadavre.

Tout s'enchaîne dans ma tête à une vitesse folle. La voisine qui frappe chez moi et m'avoue qu'elle est éprise de moi depuis qu'elle a enmenagé. Sa dépression et ses penchant pour la bouteille. Puis, vient ma réponse négative faisant face à son alcoolémie importante. Cela a provoqué une crise d'hystérie de sa part. Elle m'a même menacé de se suicider. Plus tard dans la nuit, je suis allé voir chez elle au cas où elle aurait mené sa menace funèbre a exécution. Puis me revient en mémoire sa crise de colère, des cris à vous déchirer les tympans. Et enfin le coup de couteau brûlant comme une déchirure de l'âme. Je ressens encore cette douleur intenable.

Dans mon esprit, je me refait ma journée d'aujourd'hui où personne ne faisait attention à moi peu importe où j'allais. Je fais le lien avec le fait que je ne ressentais ni faim, ni soif, ni l'eau ruisselant sur le visage, pas même le vent dans mes cheveux, et encore moins la migraine de la gueule de bois. Mon corps s'en était déjà aller mais mon âme avait besoin de faire un point, un bilan.

Voilà comment s'est achevée la vie d'un homme qui n'a pas jamais vraiment voulu en profiter. Voilà comment se finit la vie parfois, subitement et sans raison. Je crois que je ne serai pas à l'heure à mon rendez-vous...
adn
Envoyé le :  8/4/2018 13:02
Plume de diamant
Inscrit le: 24/6/2007
De: Landes
Envois: 17432
Re: Un matin pas comme les autres
Très original !

Adn


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sylvianni
Envoyé le :  23/4/2018 20:08
Plume de platine
Inscrit le: 20/6/2015
De:
Envois: 2014
Re: Un matin pas comme les autres
Belle morale dans cette histoire bien écrite


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sylvianni

luzdelsol
Envoyé le :  25/4/2018 14:35
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 10/1/2011
De: sur ma planète "le soleil"
Envois: 27430
Re: Un matin pas comme les autres
beau suspens après le dénouement on reste un peu sonné !!...c'est pas mal du tout ! et la morale de l'histoire c'est top oui vivons tant qu'on est vivants ! lol

Merci pour le partage

Luz


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