L'ETRANGER
Je suis toujours étonné, en promenade, de rencontrer des gens qui, cheminant, me demandent leur chemin, à moi, qui ignore le mien. Aujourd'hui, une fois de plus en centre ville, à Mayence de surcroît, et à moi, pauvre Français égaré dans une ville germanique.
Je lui demande en allemand d'où il venait et il me répondit qu'il était Américain et voulait visiter la cathédrale.
Je lui avouai avec fierté mon origine : je suis Français et lui indiquai la route, moi qui ne sait jamais où je vais. Nous échangeâmes quelques platitudes en anglais et grande fut ma surprise, il me serra les deux mains pour me remercier, une poigne chaleureuse et humaniste : je restai sans voix devant celui qui avait trouvé la sienne.
Je compris alors qu'à mon tour, j'avais trouvé la mienne, de voie.
Je serais voyant, aiguilleur du ciel sur une terre bien terne misère. Pourtant, je me demande encore pourquoi si souvent, les gens demandent leur chemin à un chemineau sans voie ni voix ou une aide à un être sans foi tel que moi. Enfin, trouver sa voix en fin de voie, c'est bien un acte de foi, une foi qui abat pour une fois les montagnes germaniques et en même temps, les voix critiques des alémaniques.
Le 9/7/06