Dans les flots aux allures infâmes
Quand les trottoirs se couvrent de bagout
Quand les routes éteignent leurs flammes
Et que se ferme sur l’horizon le verrou
Sur les bitumes se jouent les rebonds
De nos marches essoufflées
Avec comme hélice le vent poussant
Nos corps vers la vallée aride aux gorges fermées
Nous avons épuisé nos délices
Sur la ligne des ans rétrécis
Et qui devenu un chemin à la terre lisse
Se couvre d’ailes de la vie flétrie
Quand la vie épuise nos yeux de larmes
Reste des ruisseaux secs sur les joues
Nos mains frêles tenant les cannes
A la terre nos regards se nouent
Quand le coeur n’a plus de vanne
Pour arroser les beaux moments
De cette vie cousue en trames
Aux couleurs et fils des sentiments
Fini le chant des oiseaux
Sur l’arbre de la vie en berne
Fini les mélodies des mots
Les lèvres bleuissent ternes
Sur les berges des vents coureurs
Le long des fleuves des maux
Nos âmes se vident de douleurs
Les ans rongent nos os
Partout en nous se colle un tuteur
Invisible en nous il attend
Il n’a ni forme ni saveur
Le temps vide nos sangs
Plus d’horizon juste un hublot
A son travers l’âme cultive la vision
Monde sans vagues ni sauts
Sans voile nous errons
Le lait désiste les seins
La nature impose son droit souverain
Sans plainte on se résigne à la fin
Ami ! fini le voyage en train
rivedusoleil
9/1/2018
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Ah ! si seulement avec une goutte de poésie ou d'amour nous pouvions apaiser la haine du monde !
Résidence sur la Terre (1935) Pablo Neruda
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