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le chien des nouveaux bergers Le chien des nouveaux bergers
Il est à l’affut, juste là , derrière la batterie, sous la coque personnalisée et amère. Tu ressens sa présence dans ce jeu qui occupe tes pauses et tes loisirs qui s’épuisent. Suivant tes recherches virtuelles, écoutant ta musique réduite, prenant tes photos éphémères. Si présent que tu en viens à le confondre avec tes partenaires dématérialisés qui t’épuisent.
Il est la vie, le jouet de ton égo et le maître de ton existence si branchée et inutile, Camé aux notifications, ivre de commentaires, en manque de notoriété ou de courage, Il te transforme en junky, fantôme de sa propre vie et du monde qu’il traverse avec style. Insensible à tout ce qui t’entoure, qui est matériel ou qui pourtant représente ton entourage.
Objet précieux, bijoux fragile dont l’obsolescence programmée le rend si désirable, Tel un acteur ou une mannequine, centrée sur l’image qui mange la moitié de son visage. Fin stratège de la séduction, au charme délétère mais pourtant incontournable, Succube modernisée avide de posséder notre quintessence, mais pour quel usage ?
Il est ce moyen si facile de tromper notre solitude, devenue le mal à abattre, Incapable que nous sommes d’assumer la position de l’esquif flottant Au grès du courant, sans contrôle, sans cap ni destination, sans même combattre. Le vainqueur triomphant de notre libre arbitre, arrogant et débilitant.
Tout commença par un outil, pratique et efficace, simplifiant au possible notre existence. Miniaturisation et mobilité ont emporté notre suffrage, ouvrant la porte à tous les possibles. Armure de silicone et de lithium dans nos joutes sociales, et les réseaux prennent naissance. Evacuer un problème ou un importun d’un simple glissement de doigt hypersensible.
Puis il s’est installé, le gestionnaire est devenu conseil, graduellement influant nos choix, Il a envahi nos loisirs, imposant de nouveaux jeux, sa revue de presse, algorithme avilissant. Il connait chacune de nos habitudes, chaque vice, goût, préférence qui compose notre voix. Il gère notre maison à distance, notre argent, nous lui donnons un pouvoir toujours grandissant.
Jusqu’où allons-nous le laisser vivre notre vie à notre place, aveugles que nous sommes ? Prochainement il sera intégré à notre corps, poussant l’ergonomie à son paroxysme. Mais qui contrôle l’autre, animation de l’objet ou lithification de l’être qui tel un opossum Feint la mort pour échapper au cynisme de ce qui, grâce à ce chien, est devenu un euphémisme.
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