J’ose contredire Pascal*,
Qui veut que l’on reste au repos,
Afin d’oublier tous nos maux,
Et d’apaiser notre mental.
Sylvain Tesson ne reste sage,
Il scie les barreaux de sa cage,
Et il roule à tombeau ouvert,
Sur un lac gelé en hiver.
Spinoza qui cherche la joie,
Entreprend d’écrire l’Éthique,
Mais il est en plein désarroi,
À la fin d’un amour tragique.
Chacun de nous doit prendre l’air,
Afin de conjurer l’absence,
Sur son chemin,seul, il avance,
Et ainsi il ne désespère.
J’aime de Charles Baudelaire,
Les invitations au voyage,
Pour que la Vie ne soit Enfer,
Il nous faut des pèlerinages.
Je n’ai plus cette frénésie,
Et dans ma chambre je voyage,
Pour m’enivrer de poésie,
J’y vois ‘les merveilleux nuages’**.
Dumnac
* « Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre." Blaise Pascal
**J'ignore sous quelle latitude elle est située. - La beauté? - Je l'aimerais volontiers, déesse et immortelle. - L'or? - Je le hais comme vous haïssez Dieu. - Eh! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger? - J'aime les nuages... les nuages qui passent... là -bas... là -bas... les merveilleux nuages! Baudelaire: « Petits poèmes en prose ».
*** 'Dans les forêts de Sibérie' (Sylvain Tesson)
Assez tôt, j'ai compris que je n'allais pas pouvoir faire grand-chose pour changer le monde. Je me suis alors promis de m'installer quelque temps, seul, dans une cabane. Dans les forêts de Sibérie.
J'ai acquis une isba de bois, loin de tout, sur les bords du lac Baïkal.
Là , pendant six mois, à cinq jours de marche du premier village, perdu dans une nature démesurée, j'ai tâché d'être heureux.
Je crois y être parvenu.