Sur la terre comme au ciel
Et voilà bien des ans que je cèle en mon être
Un feu très enivrant dans lequel je m’empêtre.
Je ne puis plus tenir, d’avantage me taire,
Lors je veux, sans tarder, m’employer à vous plaire.
Ne vous étonnez plus de voir sombrer mes armes
Aux pieds de votre for où dorment tant de charmes.
Ici point de témoin pour cet élan sans fard,
Pour porter à l’encan qu’est brillant le blafard.
Ce penchant m’est venu d’une foudre soudaine
Quand jadis je vous vis en ballade mondaine.
Je croyais, en ce temps, maîtriser mon destin
Or me voilà , ce jour, en penaud sans festin.
Voyez ce port priant qui me place en attente,
Le cœur en désarroi, mais qui, là , se lamente.
Écoutez la ferveur qui passionne ma bouche
Égrenant ce refrain pour qu’enfin il vous touche.
Lorsque je m’employais à frôler votre robe
Vos réflexes soudains n’y voyaient rien de probe.
Retenez, désormais, le doux son de ma voix
Puis oubliez surtout ces élans maladroits !
Confiné dans un coin, fleurirait trop ma ruine
Et satisferait bien l’inévitable fouine,
Celle qui vit en cour où l’on surveille tout
Sans plus se soucier du prix de son atout.
Maintenant je suis prêt à vous suivre à la trace,
Sachant bien qu’est prisé le statut de ma race.
Je suis un troubadour écoutant les désirs
Qui, sans faille, promet de donner des plaisirs.
Cessez donc d’arborer pareille indifférence
En siégeant sans arrêt au palais de Provence ;
Puis donnez au Quercy son éclat mérité:
Là , j'y demeure encor, avec témérité.