Cette histoire s’est passée dans une contrée au bord de mer. Là -bas, il y a, je dirais au moins cinq cent habitants. Des jeunes, des adultes, des vieux, mais rarement de très, très vieux. Certains disent qu’ils ont élu domicile dans les coquillages de la plage, d’autres encore, qu’ils vivent dans les profondeurs de la mer ou encore qu’ils disparaissent tout bonnement au ciel rendu à un certain âge. Moi, je ne crois en rien de cela, j’ai ma propre opinion. Assoyez-vous confortablement, je vais vous raconter l’histoire de ma grand-mère Marissa.
Marissa était une enfant pleine de vie, elle s’occupait les fins de semaine, à ramasser de belles pierres polies par la mer, en chantonnant un air bien connu d’ici, qui raconte le labeur des pêcheurs. C’était une enfant brillante. Elle a étudié la biologie marine et est devenue experte en la matière. Bien sûr, pour être devenue ma grand-mère, elle a eu un amoureux et a eu quelques enfants, dont ma mère. Marissa a élevé ses enfants jusqu’à ce qu’ils soient en âge de faire leur vie, puis elle a vieilli. Puis quand elle a vieilli, elle a rapetissé à vue d’œil, comme tous les autres grands-mères et grands-pères de la contrée. Au bout de quelques années, elle était devenue haute comme trois pommes. Personne n’en connaissait la raison. Aberration génétique? Malédiction? Non, personne ne savait la cause. Tant et si bien que tous les vieux et vieilles personnes sans exception finissaient par disparaîtrent sans laisser de trace.
Un jour, que je tenais ma grand-mère Marissa au creux de mes mains, ben oui! Il le fallait bien, si je ne voulais pas la perdre, la pauvre elle était devenue microscopique. Alors ce jour, je lui ai demandé si elle savait pourquoi les très vieilles personnes s’en allaient ainsi sans qu’on ne les voit, sans qu’on puisse leur dire aurevoir, les étreindre et leur souhaiter bon voyage dans leur nouvelle vie.
Mais pour toute réponse, elle me sourit, avec ces étincelles qui allumaient toujours le bleu profond de ses yeux. Puis, elle disparue subitement, ne laissant qu’un grain de sable au creux de ma paume, sans doute en souvenir.
Après bien des passages de lunes et de soleil, après bien des pleurs et de souvenirs. Je suis revenu sur cette plage, ou jadis Marissa cueillait des coquillages. Je me suis allongé sur le sable, y ait collé mon oreille et j’ai entendu des murmures. Des murmures de très vieilles âmes, dont j’ai le souvenir de quelques- une, dont celles de ma grand-mère Marissa. Alors, moi, je sais maintenant, où vont les très, très vieilles personnes. Quand elles disparaissent devant nos yeux, elles ne vont pas dans les profondeurs de la mer, elles ne vont pas se réfugier non plus dans les coquillages, ou même s’envoler dans les cieux. Non, elles restent avec nous dans les grains de sable, pour nous murmurer de petits mots doux.
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sylvianni
Marc 