Combat vain de sots ternes...
La Reine
Fallait-il, bons soldats, qu’un chagrin véritable
Vous expose Ă mes yeux dans ce port charitable ?
Je vois votre visage en transport trop pluvieux !
N’avez-vous, pour mon heur, un aspect plus envieux ?
Or qu’en est-il, vraiment, de ces larmes qui coulent :
De la compassion pour mes vœux qui s’écroulent,
Ou alors un élan émanant de vos cœurs
Pour me dire en pleurant que vous n’êtes vainqueurs ?
Parlez moi, plus avant, de plus soudaine audace,
D’un envol insensé comme tout bon loquace.
Ainsi m’ayant instruite, et surtout sans calcul,
Vous pourrez me serrer sans craindre mon recul !
Hypocrite
Majesté, Votre Sire est si bonne et luisante
Qu’aucun de vos sujets, d’une phrase épuisante,
Ne voudrait la blesser en parlant bien trop vite,
Et dire un prompt penser qui jamais ne l’habite.
Nos bateaux sont défaits et tout croule en la Mer
Ce qui met vos marins dans ce transport amer.
Neptune en sa personne a dit : « je vous alpague »
Et fait surgir du flot cette fort grosse vague.
L’ennemi prévenu circulait bien plus loin
Quand, penauds, nous étions accablés dans ce coin.
La proue anéantie, de son dard en dérive
Flancha Ă” bien trop tĂ´t et donc Adieu la rive !
La Reine
Je trouve pour mon goût ces propos superflus
Et voudrais qu’à l’instant on n’en dise pas plus.
Trouvez-vous, à ce point, ma parole étrangère
A vos sens effarés qui font monter l’enchère ?
Ainsi je réitère en ce questionnement
Avez-vous opéré pour mon rayonnement,
Ou bien tout simplement manqué de ce courage
Qui donne la constance en périlleux orage ?
Savez-vous qu’en ma Cour se soigne l’entretien
Et que tous vos rapports m’offrent peu de soutien ?
Repartez au combat et dites que la Reine
Pardonne aux plus peureux qui lui font tant de peine.
Hypocrite
Soyez donc attentive aux messages d’espoir,
Aux projets volitifs de venger le terroir.
Nous avons pour l’instant largué quelques chaloupes
Par l’arrière du train, ouvrant toutes nos poupes.
Et des bras fort musclés prenant le gouvernail
Évitent d’échouer dans le proche corail.
Nous avons louvoyé bien loin d’une Sirène
Qui nous chantait Manon, se disant indigène.
Croyez moi sainte Reine et dopez vos soldats
Qui savent tous encor quels Ă©taient leurs mandats.
Au lever de Phébus vous aurez pour victoire
Un rapport positif pour rentrer dans l’Histoire !