Le fils d’un laboureur revenu voir son père
Attendait d’icelui qu’il entrât en aveux.
Avez-vous, mon bon père, averti vos neveux
Que moi seul aurai droit au secret que j’espère ?
En effet, mon enfant, il est temps que j’opère,
Que je te dise enfin des propos courageux !
Ouvre bien ton cornet sans plus être ombrageux
Car je vais t’annoncer comment rester prospère.
Atèle tes chevaux dès qu’arrive l’aurore
Puis va, d’un pas alerte, à labourer encore
Le champ que tu vois là , qui nous fournit le pain.
Et puis le lendemain, sans traîner tes galoches
Remplis bien, sans compter, trois solides sacoches
De blé toutes joufflues et sème ainsi ton grain.
A l’été rougissant quand s’en vient la chaleur
Fauche alors les épis et préviens l’emballeur
De ficeler la paille en chantant plein d’entrain.
Ayant par ce labeur rempli tout ton grenier
Tu pourras te gausser d’être un bon écolier
Attentif aux conseils d’un homme de terrain.