LA SORCIERE
Histoire pour les enfants…petits et grands…
Il y a, dans mon village, une école, une petite église au clocher blanc et carré, une boulangerie, une boucherie, un charmant petit café, une supérette, et une… sorcière.
Pour qui le souhaite, trouver la maison de la sorcière est chose facile. C’est, juste à la sortie du village, une demeure noire et crasseuse, appuyée au plus sombre des pins. Le mur de clôture, délabré, tient par on ne sait quel sortilège ! Jamais maçon n’y mis la truelle ! Couvert de touffes d’orties, de buissons épineux, il laisse voir le jardin broussailleux, où traînent les vieux ossements des bestioles rapportées par le chat du logis, bien entendu noir, pelé et couvert de gale.
Frôlements, gargouillis, grouillements de toutes sortes, s’y font entendre sans cesse. Chacun hâte le pas quand il est obligé de longer cette ruine à la cheminée fumante, été comme hiver ! La sorcière applique le conseil de sa mère, de sa grand-mère et de toutes les générations de sorcières avant elles :
« La maison d’une magicienne du diable doit faire peur.»
Mais ses efforts sont vains. Les clients désertent sa demeure.
La porte branlante, où se dessèche une carcasse de chouette, ne s’ouvre plus guère.
Dans la maison, tout va à vau-l’eau. Les souris s’ennuient et se mettent à dévorer tout ce qui leur tombe sous la dent. Les araignées rêvassent sous la lune. Même Arachnéa, sa préférée, si noire et si velue, s’amuse à tisser des babioles en dentelles, histoire d’embellir le jardin avec des niaiseries qui s’emperlent à l’aurore… Une araignée poète ! Il ne lui manquait que ça !
Comble de malheur, ce matin, son balai, son vieux et fidèle balai noueux qu’elle aimait tant…a refusé de s’envoler… De colère, elle l’a brûlé !
Après avoir marché de long en large et marmonné pendant des heures, notre sorcière s’est enfin décidée : elle a enfilé ses galoches trouées, mis son vieux chapeau pointu…Turlututu…et s’en est allé voir son maître vénéré, le « Grand Sorcier aux sept poils sur le nez ! »
Le diable sait pourtant comme elle en a peur. Il a, parait-il, réussi dans la vie…et habite une maison qui brille du haut en bas, avec des jardins soigneusement entretenus. Pas la plus petite once de désordre. Les chats sont toilettés et gavés de croquettes de luxe.
Depuis peu, une magnifique voiture rouge, avec un rat cabré peint sur la portière, trône devant sa maison.
A peine notre sorcière mal aimée eut - elle sonné qu’un valet hautain, avec l’accent anglais, lui proposa d’entrer. Elle adressa une prière à son Diable gardien et s’exécuta. Le grand maître arriva, de mauvaise humeur, mais parfumé, habillé de blanc, avec un sac bizarre sans le dos. Elle dût bien admettre qu’il avait fière allure.
« - Que Diable se passe-t-il encore ! Ah ! C’est vous ! »
Elle trembla, comme feuille au vent, quand il la toisa.
«Hum… je vous écoute. Mais je suis pressé. Aujourd’hui est ma première journée comme Président du club de golf. Pas de gamineries, je vous prie. Ou gare à vous ! »
Elle raconta toutes ses misères. Quand elle eut terminé, un grand silence se fit. Elle aurait voulu être souris, ver de terre, ou tout simplement disparaître. Mais dans sa panique, elle avait oublié la formule magique…
« - Ça devait arriver ! A force de rester le nez dans votre marmite trouée, vous n’avez pas vu les temps changer. Vos vieilleries de philtres et autres sortilèges sont dépassés.»
- Mais…
- Il n’y a pas de mais….Vous me faites pitié. Vous ! Ma meilleure élève ! Je sais que vous chevauchez encore votre balai, aux nuits de pleine lune, pour chercher la mandragore et la corne de licorne !
La sorcière demanda, d’une toute petite voix :
« - Mais que faire ? »
- Je ne sais. Au moins, j’’espère que vous êtes connectée ? dit le sorcier.
- Si je suis quoi ?
- CO-NNEC-TEE ! Surfez-vous sur la toile ?
- Heuh ! J’ai peur que mes araignées…
- Par Lucifer, vous me désespérez. Je parle du Web, d’ Internet. Avez-vous un smartphone, une tablette ? Et ne me parlez pas de chocolat…Je sens la moutarde me monter au nez. »
Elle perdit pied.
«- Non. Je n’ai pas de moutarde au chocolat ! »
Le canapé Windsor fit un léger « pschitt » quand il s’y effondra…
« - Je vois ! Je veux bien, pour cette fois, forcer ma nature et vous aider…Montez, dit-il en s’installant au volant de la magnifique voiture rouge avec un rat cabré peint sur la portière. Nous allons chez vous »
Le voyage fut court. Le sorcier grimaça de dégoût en entrant dans la maison.
«- C’est pire que tout ! … Bien…Asseyez-vous sur ce tabouret, en espérant qu’il ne s’écroule pas…Fermez les yeux et ne me dérangez pas, je vous prie. »
Elle obéit sur le champ. Elle n’eut pas un soupir quand le pied du tabouret rendit l’âme dans un craquement sinistre. Prostrée sur le sol, terrorisée, elle attrapa son chat au vol, par la queue. Le galeux, ordinairement si ronchon, se laissa faire, heureux de se réfugier sous ses jupes sales.
Le grand maître travailla une heure. Des objets étranges volaient dans la grotte, Des lumières s’allumaient, s’éteignaient. Des clignotements multicolores emplissaient l’espace. De longs serpents noirs se mêlaient et rampaient sur le sol.
Peu Ă peu, le calme se fit.
« Voilà . Ouvrez les yeux, mauvaise graine ! Ecoutez bien. Vous savez que je ne n’aime pas me répéter. La sorcière s’exécuta et resta sans voix. Partout, des écrans et des appareils bizarres ronflaient doucement.
« Otez-moi ce chapeau pointu, turlututu….Mettez le casque sur vos oreilles...Installez-vous là …Oui….Là , devant l’écran….Vous y êtes ?
« - Heu….Oui »
Elle s’assit du bout des fesses sur un superbe fauteuil pivotant.
« Parfait ! »
Il leva sa baguette, et tranquille, commença ses incantations.
« Abracadabra ! Sur Internet, Facebook et Twitter, vous allez surfer. Un site Web, vous allez créer. Les gogos vont affluer et tous leurs malheurs vont vous conter. De chez vous, sans vous déplacer, des milliers de sorts, vous allez jeter. Votre fortune est assurée. Mais attention ! Ce droit ne vous sera accordé qu’une nuit dans l’année : celle d’ Haloween. Sinon, nous encombrerons les réseaux de Bill Gates. Il sera mécontent et il ne fait pas bon contrarier l’ami Bill ! Est-ce bien compris ? »
« - Oui…Mais…qui est Bill Gates ? »
« - Notre maître à tous ! Le plus puissant des sorciers. La Planète entière est son domaine. Vous n’avez pas besoin d’en savoir plus.
A bientôt, ma chère. Et coupez moi ces ongles noirs et griffus. Vous allez massacrer votre clavier !
Un vrombissement de moteur, un tourbillon de poussière, et la magnifique voiture rouge avec un rat cabré peint sur la portière disparut.
Obéissante, la sorcière s’entraîna. Au soir d’Haloween, fin prête, elle fit une entrée remarquée sur le Web, provoquant un krach boursier dont les traders parlent encore dans leurs soirées. A ce jour, compte off-shore bien rempli, elle fait du shopping….Son armoire est pleine de chapeaux pointus… Turlututu... Elle va chez la manucure, participe aux émissions de télé-réalité, et s’habille chez Karl Lagerfeld, un de ses lointains cousins.
Elle vient de s’acheter une belle voiture rouge, avec un rat cabré peint sur la portière.
Ah, au fait …elle ne sait toujours pas qui est Bill Gates. Mais elle s’en moque ! Demain, elle ouvre sa propre Start up. Il se murmure que le Grand Sorcier aux sept poils sur le nez, songerait à l’épouser…Mais chut…Demain est un autre jour !
P.S. Cette histoire est purement imaginaire. Toute ressemblance avec une personne existante ou ayant existé, serait purement fortuite !
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Bonjour,
Me voilà en train d'essayer de me poser sur votre site...J'y vois tant de choses que j'hésite...et si je n'étais pas sur le bonne case, et si c'était trop long...ou pas assez...ou à côté du sujet...C'est que je ne suis pas toujours au ...
