(Le sobre)
Vous a-t-on déjà dit, très cher et vénérable,
Que votre beau talent peut être vulnérable?
En effet vos phrasés qui s’appliquent souvent
A donner au mot juste un statut de couvent
Laisse autrui tout penaud à revoir sa croyance,
A frapper sa poitrine en injuste souffrance.
Votre port de bretteur de mots et de brocards
Vous donne l’air hautain par vos torves regards.
Voyez donc Cyrano que l’on dit d’avant-garde
Toujours en mode action, jamais baissant la garde ;
Et puis dans sa tirade admirez cet accent
Qui dévoile en cet homme un talent sous-jacent !
(Le fat)
- Cessez donc de confondre éclair et puis tonnerre
- Ce qui fait qu’en ce monde on voit ronde la terre
- Alors que Galilée en son humble savoir
- La voyait toute plate au matin comme au soir !
- Je vous dis là le verbe et la sainte parole
- Qui me veut vous instruire en brillant dans ce rôle !
- Reprenez vos cahiers puis notez sans travers
- Que je veux sitôt lire un envoi tout en vers
- Me disant de grand cœur un vrai panégyrique
- Qui sera placardé comme tout générique !
- C’est alors seulement, si la poule a sa dent,
- Qu’on pourra sans délai m’élire président !
(Le sobre)
Ô vieil outrecuidant qui jacassez sans cesse
Auriez-vous, tout soudain, grand besoin de confesse ?
Si je crois le bon pâtre occupé dans son fief
Vous devriez d’abord délaisser votre bief
Puis partir en croisade avec d’autres fidèles
Proposant à bas coût le prêt de haridelles.
(Le fat)
- Vous m’êtes ennemi, prêcheur de Basse Cour,
- Et voudriez plaider bien plus qu’à votre tour !
- Les croisés sont déçus et déchus par les armes
- Ce qui fait, sous leur toit, s’écouler bien des larmes !
- Reprenez tous vos sens et puis faîtes leçon
- A ces gueux sans emploi qui mordent l’hameçon !
Combat "daté" de pieux
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(Le pieux)
De qui vous moquez-vous, sempiternel bretteur,
Vous qui savez jouer le fourbe et le rhéteur ?
Vous prétendez servir un peuple au bord des larmes
Qui ne sait point hélas utiliser vos armes
Mais qui se dit bridé par des maîtres sordides
Se faisant, tous abscons, passer pour des candides !
(L’athée)
- Je ne puis vous laisser me traîner dans la boue
- Vous petit, sans le sou, qui voudrait qu’on le loue
- Que l’on dise à l’encan à qui veut bien l’entendre
- Que cet être, ma foi, est un croyant bien tendre !
- Ne me laissez plus voir de votre indigne port
- Cet ersatz de saint doux béni pour son apport !
(Le pieux)
A mon sens, l’incident qui naît dans votre tête
Ne doit plus, indûment, venir troubler la fête !
La belle Académie encor sous déception
Ne saurait s’abstenir de voter la motion !
Je m’en vais de ce pas avertir le saint Siège
Qui lui seul saura bien déjouer votre piège !
(L’athée)
- Quand la crise de foie a pour cause un abus
- De vins bien trop aimés, par là même trop bus
- On peut lors pardonner au buveur de guinguette
- Sa forte propension à bader la piquette
- Plutôt qu’à se signer, à l’église, de l’eau
- Qu’on dit toujours bénite et bonne pour la peau !
(Le pieux)
Vous demeurez parjure et du fait condamnable !
Votre âme est sans secours pour mot peu convenable !
Vous n’aurez pour ami qu’un diable inconvenant
Qui saura vous servir pour vin, du tout venant,
Et vous mettre, Ã bas prix, dans la plus vile extase
Vous laissant patauger puis périr dans la vase !
(L’athée)
- Vous avez, vous Saint Homme, en vos mots plein de sel
- Quand vous dites au pieux de gober son missel !
- Je me sais fort odieux quand je pense à Fernande
- Qui sans cesse bénit tous les gars de sa bande
- Leur disant qu’à l’Éden le serpent est bien mort,
- Qu’il est temps qu’entre nous nous trouvions un accord !
