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Expéditeur Conversation
Mesfauxlits
Envoyé le :  30/9/2017 18:51
Plume d'argent
Inscrit le: 15/12/2015
De:
Envois: 367
Indifference
Penché sur la balustrade de son balcon, tirant une dernière bouffée de sa cigarette, il observe la vieille d’en face, recroquevillée dans son fauteuil roulant. Une mantille blanche, ternie par le temps, lui couvre les épaules en ces matins frais d’automne.
Il se posait toujours la même question : mais que fait-elle tous les matins que Dieu fait dans cette loggia devenue un véritable débarras par ce froid matinal ? Il avait toujours l’impression qu’elle était inerte, comme un mannequin qu’on déposait et qu’on oubliait. Ils ont d’autres chats à fouetter que de s’occuper d’elle, pensait-il.
Elle était là immobile à regarder des heures durant au loin, sans voir les immeubles qui lui faisaient face. Midi sonnante, tel un automate, une femme, la cinquantaine, au visage sans expression aucune, lui donnait son repas. Ça ne durait pas plus de 15 minutes. Elle lui essuyait la bouche et regagnait l’intérieur de l’appartement. La vieille tirait un mouchoir qu’elle dissimulait dans sa poitrine et le passait sur son visage. Elle reculait de quelques mètres pour s’abriter du soleil et somnolait.
16h30, voilà notre vieille fille qui fait son apparition, un plateau à la main. C’est l’heure du café de l’après-midi. Elle le lui fait siroter en un temps trois mouvements puis débarrasse le plateau. Elle revient 5 minutes plus tard renifle la chaise, puis en un geste brusque, la conduit à l’intérieur. C’est le moment de lui changer de couche et de rentrer au bercail. On ne la verra plus, jusqu’au lendemain, à la même heure. Aujourd’hui, il fait froid, son fichu sera remplacé par une vieille veste noire râpée. Son voisin, fidèle à sa pause-cigarette, la regarde avec la même intrigue, puis pose la question à son épouse.
- Qui est cette vieille ? N’a-t-elle pas de famille ?
- Tu parles de celle du bâtiment 8. Elle a un fils qui n’habite pas avec elle. Il est trop occupé et n’a pas toujours le temps de lui rendre visite. Son épouse tient une clinique. Tu imagines son rythme de vie. Quant à leurs deux enfants, ils poursuivent leurs études de médecine à l’étranger. Alors pour se donner bonne conscience, il paye au prix fort une garde-malade pour s’occuper d’elle. Elle n’ouvre la porte à personne sauf à son fils, bien sûr. Ce sont des instructions fermes qu’elle a reçues. Tu sais, elle approche les cent ans.
- Mon Dieu, je ne souhaite pas ĂŞtre Ă  sa place.
- Personne ne le souhaite.
Et les jours se suivent et se ressemblent, la vieille dans son balcon, le voisin qui l’observe avec compassion, la garde-malade qui lui apporte ses repas avec la même indifférence, les mêmes automatismes, jusqu’au jour où la femme du voisin appelle son époux au téléphone en lui demandant d’emmener les enfants déjeuner chez sa maman. «Je ne serai pas à la maison. C’est l’enterrement de la vieille.»


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aubep
Envoyé le :  1/10/2017 8:38
Plume de soie
Inscrit le: 15/8/2017
De:
Envois: 151
Re: Indifference


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