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     Le Tombeau des Illusions [Nouvelle]
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Expéditeur Conversation
celineb
Envoyé le :  29/9/2017 19:43
Plume de platine
Inscrit le: 8/4/2017
De: Hauts-de-France
Envois: 4456
Le Tombeau des Illusions [Nouvelle]
Le Tombeau des Illusions

« - Non, Béatrice ! Il n’en est pas question ! Tu ne partiras pas ! »

La voix péremptoire claqua comme un fouet aux oreilles de Béa. Lorsque sa mère l’appelait Béatrice, c’est vraiment qu’elle était hors d’elle. D’habitude, toute la famille la nommait affectueusement Béa. Ce n’est qu’en cas de crise majeure que la jeune fille redevenait « Béatrice ». Cette dernière eut beau protester, expliquer, argumenter, la puissance maternelle ne voulut rien savoir. Il est vrai que la situation était vraiment hors du commun.

Tout avait pourtant commencé de façon merveilleuse. Cet achat aux Puces de Saint-Ouen dans un petit magasin en retrait du flot des touristes et des acheteurs du dimanche, le transport de la ravissante statuette de Néfertiti en « bronze garanti » jusqu’au domicile de Béa qu’elle partageait avec sa colocataire, étudiante comme elle. Et puis la joie de contempler ce délicieux bibelot bien sous tous rapports et patiné par les ans. Le problème, c’est que cela s’était gâté rapidement.

En essuyant légèrement l’objet d’art avec un chiffon doux, la jeune fille avait remarqué une cavité pratiquée sous le socle. Ce cache était maintenu par des vis en métal solidement fixées. Béa avait voulu ouvrir le dispositif. En insistant, elle avait finalement accédé à une sorte de petit tiroir qui contenait un papyrus friable plié en quatre. De quoi s’agissait-il ? L’étudiante brûlait de curiosité mais elle avait eu la sagesse d’être patiente en dépliant le manuscrit. Elle craignait qu’il ne s’agisse que d’une notice commerciale attachée au bibelot mais ce n’était pas le cas, cela semblait beaucoup plus ancien. On voyait une sorte de carte dessinée grossièrement, accompagnée de quelques hiéroglyphes énigmatiques.

Il fallait les déchiffrer à tout prix. Béa avait senti confusément que sa vie était engagée dans l’aventure, que ce fragment de papyrus avait une importance capitale. Il était déjà assez tard mais la jeune fille avait emporté le précieux document chez une de ses amies, étudiante comme elle, mais en égyptologie. Celle-ci n’avait pas longtemps hésité. Le fabuleux secret avait enfin été révélé. Elle avait tout expliqué à sa mère le lendemain après-midi mais cette dernière n’avait rien voulu savoir. Une dernière fois, Béa avait tenté d’argumenter.

- « Mais, maman, je ne risque rien, je te l’ai déjà dit. C’est l'affaire de quelques jours. Je pars avec Emma en Egypte et sur place nous rejoignons un professeur égyptien spécialisé dans les antiquités. Ce savant travaille au musée du Caire, c’est un ami du père d'Emma. Nous tenterons tous les trois de rejoindre le tombeau des pharaonnes dont parle le manuscrit. La crypte n'a pas encore été découverte, nous tenterons de le faire tous les trois. Le manuscrit que j’ai trouvé dans la statuette indique l’endroit précis de la tombe, c’est une occasion unique de découvrir un vestige sans prix de l’antiquité. Tout est presque déjà décidé avec le professeur et Emma ».

Béa s’échauffait, brûlant de passion et de conviction tandis que sa mère restait de marbre, sensible seulement à l’approche des examens universitaires de fin de trimestre. Au bout d’un moment, la mère de la jeune étudiante passa aux menaces. Sa fille était encore mineure, elle n’atteindrait sa majorité que le mois prochain. D’ici là, elle devait se soumettre aux décisions familiales. Si Béatrice n’était pas plus raisonnable, elle se chargerait de la calmer. La jeune fille finit par quitter le domicile familial en claquant la porte. Elle savait que sa mère était dotée d’une détermination implacable mais elle ne manquait pas elle-même de courage et de caractère. La mère et la fille s’étaient déjà opposées par le passé de façon terrible.

L’étudiante rentra directement chez elle. Il était inutile de se confier à Emma, de tenter de la rejoindre, elle avait besoin d’une pause après cet échange trop vif avec sa mère. Sa colocataire était absente, c’était parfait, Béa pourrait se remettre de ses émotions. Au bout d’un moment, elle commença à s’apaiser quelque peu. Elle alla dans la cuisine pour se faire un thé. C’est à ce moment-là que la sonnerie de la porte d’entrée retentit. Béa s’interrogea : qui donc voulait la voir ? Cela ne pouvait être sa mère, cette dernière n’était pas du genre à courir derrière son enfant chérie. Serait-ce sa nouvelle voisine de palier qui venait d’emménager ? Elle ouvrit sans regarder par l’œilleton, curieuse.

Deux hommes en blanc se précipitèrent sur elle, accompagnés par un troisième larron en costume qui avait l’air de les diriger. Elle reconnut le médecin de famille. Les deux individus empoignèrent la jeune étudiante rudement, et avant qu’elle ait pu dire ou faire quelque chose, elle se retrouva immobilisée au fond d’une ambulance, qui démarra sur les chapeaux de roue. Éberluée, elle entendit le gyrophare du véhicule de santé résonner dans les rues de son quartier. Elle comprit qu’elle était désormais ce que l’on appelle une urgence psychiatrique.

Son internement d’office ne dura pas longtemps, seulement quelques jours au cours desquels elle apprit la soumission. Assommée de calmants et de potions, elle promit tout ce qu’on voulut et s’engagea à ne jamais partir quelque part sans l’accord de sa mère. Lorsqu’elle rentra chez elle, écœurée, brisée, elle se débarrassa de la statuette égyptienne, détruisit le manuscrit ancien et rompit avec Emma. Les deux jeunes filles ne se revirent plus jamais. Béa reprit sagement ses études et s’efforça d’oublier l’Egypte ancienne.

FIN


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