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     RĂ©ponse de V. Hugo Ă  Gwynplaine Dupuytren [Lettre fictive]
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Expéditeur Conversation
celineb
Envoyé le :  21/9/2017 18:40
Plume de platine
Inscrit le: 8/4/2017
De: Hauts-de-France
Envois: 4456
RĂ©ponse de V. Hugo Ă  Gwynplaine Dupuytren [Lettre fictive]
RĂ©ponse de V. Hugo Ă  Gwynplaine Dupuytren [Lettre fictive]

   
Cher ami !

       Oui, j’ose vous appeler « ami » en dépit des mots si durs que vous avez prononcés, en dépit du ressentiment que vous pouvez nourrir encore à mon endroit, en dépit de cette souffrance qui s’exprime dans votre lettre.

       J’ai lu votre missive avec une émotion extrême, elle m’a bouleversé au point que j’ai failli renoncer à vous répondre tant la tâche me semblait difficile. Une seule pensée a été mon guide : apaiser la douleur de cet homme, mon ami, celui que j’ai eu la joie de rencontrer jadis. Cette idée m’a soutenu. Elle m’a permis d’espérer que cet écrit que je vous adresse aujourd’hui sèche quelque peu ces larmes amères qui me brisent le cœur, qu’il soit comme une lueur brillant dans la nuit où les hommes vous ont mis.

       Les hommes, certes ! Et non, moi, soyez-en assuré ! Bien au contraire, si j’ai écrit ce roman terrible que vous avez parcouru, cet Homme qui rit tandis que nous pleurons avec lui, c’est pour faire honte à cette humanité insensible, à tous ceux qui négligent les larmes et les pleurs de leurs semblables disgraciés.

       Sachez-le, mon ami, je n’ai eu pour but en évoquant tous ces malheureux qu’essayer de faire prendre conscience de l’inhumanité qu’il y a à les rejeter. Tous les hommes sont frères, oui, je le crois profondément, comme j’estime que toutes choses sont égales en droit et dignité !

       Ce n’est pas parce que l’on est laid qu’on est méchant, c’est parce qu’on se conduit méchamment. Ce n’est pas parce qu’on est pauvre qu’on ne tient pas des propos sensés, c’est parce qu’on vous prive, justement, de la possibilité de vous exprimer en toute liberté.

       J’essaie de toutes mes forces, sachez-le mon ami, je tente désespérément dans mes œuvres de susciter en l’homme un peu de cette compassion divine qui devrait être son honneur. La force règne dans la nature, elle est souveraine implacable. Puissent les hommes se souvenir qu’ils sont hommes ! Le combat sera long, difficile, pour faire évoluer un peu cette humanité tellement tentée par l’égoïsme. Mais je dois le mener, c’est mon honneur d’écrivain.

       Ne croyez pas, mon cher Gwynplaine, que je vous ai oublié, négligé, exploité. J’ai seulement compris qu’à travers vous, tous les êtres disgraciés qui me liraient pourraient se reconnaître et reprendraient confiance à se voir ainsi soutenus, estimés, aimés !

       Je vous ai envoyé, sitôt l’ouvrage publié, un exemplaire de ce roman, L’Homme qui rit, avec une lettre exprimant ma profonde gratitude. Vous n’avez reçu ni l’un ni l’autre. Je le regrette infiniment.

          Certes, j’aurais dû vous parler de mon projet de mettre en scène votre vie pour tenter d’émouvoir nos contemporains, pour essayer de faire évoluer le regard qu’ils portent sur le malheur. J’aurais dû vous demander votre autorisation, vous supplier de m’aider pour faire en sorte que l’amour triomphe en ce bas monde, et non la haine. C’est vrai, j’ai manqué à mon devoir d’humanité, je n’ai pas manifesté suffisamment de respect envers vous. Je ne suis pas parfait, j’ai besoin moi-même de m’améliorer.

       J’espère qu’à présent, votre peine s’est atténuée, que vous comprenez que mes intentions étaient pures, que vous acceptez de me pardonner.

       Je vous adresse toute mon amitié,

       Dans l’espoir d’une réponse,

Victor Hugo
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