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     L' ÉMOI ...
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Expéditeur Conversation
cookiemomo
Envoyé le :  21/9/2017 14:41
Plume de soie
Inscrit le: 4/1/2009
De:
Envois: 194
L' ÉMOI ...
Janvier… L'hiver prend ses aises. Les beaux hêtres répandent sur le sol l'armure d'hier, ils se délivrent de la plupart de leurs chairs. Dévêtus comme des manants de passage, ils s'amusent, remodèlent et décapitent. Les feuilles s'exécutent les unes aux autres en petites rafales légères, déposent leur corps endormi sur les chemins empruntés, tombent, lâchent l’hêtre qui les tiens après avoir été pendu le temps de vivre. Elles parleront hélas à peu de consciences, témoigneront subtils pour ceux qui savent les voir de leurs énergies aux pieds de leurs pères. Ces feuilles ça et là ; l'idée fracasse mon crâne d'ailleurs, tellement l'impact de ces légèretés sur la terre me parait si puissante. Je débute, en Janvier.

Février... En extension sur le trampoline cognitif, je médite haut. J'écoute le bruit d'un glaçon, le clappement d'un néon, l’écho passant d'une montagne. J'imagine tremper ma main dans les nuages, flâner sur le bleu des arcs-en-ciel, changer le carquois vétuste de Cupidon. J'émiette les secondes en de longues promenades, je scie la vérité en plusieurs mensonges, je fends l'infini en petits bouts d'éternité. J'exécute en somme l'émoi par la pensée profonde car l'on peut rester sur terre, les pieds ancrés dans la terre et avoir l’âme en expansion, en Février.

Mars... Qui mieux que lui pour nous parler d'ailleurs. Ombre ou lumière ? L’Éden ou l'Enfer ? Pas plus en Dieu qu'en Lucifer, je crois au vide et au rempli. Je crois aux traces qui s'effacent, je crois à l’Être de transhumance. Les tombes sont creusent me suffirais-je à dire lorsque le mouvement n'est plus. Pourtant prétendre après la vie suit le néant serait aussi absurde à penser qu'il demeure tout après. Car tout est et rien n'est. J'épargne aisément l'individu incertain mais condamne celui de bonnes assises, pour qui ses convictions et ses croyances subviennent à percer les mystères éternels de l'existence. Je suis enfant du Cosmos, en Mars.

Avril… Les saules pleureurs gagnent en allure, ils embellissent leurs chairs pendantes. Drapés en robes de printemps, tombantes de gitane, ils osent et peignent mon rocambolesque exutoire. Moi qui pleur parfois lorsque mon sol s'effondre sous mes pieds, je me questionne s'il faut trouver beau les amoureux des bords des lacs gravant leurs sentiments dans le corps des grands arbres. C'est dans la douleur qu'ils signeront leurs promesses instables. Il est des saules peut-être plus fertiles que moi à se laisser impunément écorchés, à comprendre les amours futiles aux couteaux dans l'écorce, en Avril.

Mai... Je ne t'aime plus. Lorsque l'Amour s'essaye comme une chemisette . Quand le frêle amour hélas capture pas plus loin que le corps. Quand le cœur croit sentir, en réalité touche l'amourette. Tant de couples l'estiment à coup d'alliances ! Et ces coups de foudre, autant dire qu'il faut rester à l'abri pour ne pas subir son euphorie ! Quand le Faux détruit le rythme de l'enfant, saccage l'homme dans les contrées perverses de Bacchus, consent la femme a multiplier les chairs. Lorsque le cœur croit saisir, en finalité brise son fond. Triste portrait quand on prends conscience pleinement de sa philanthropie, en Mai.

Juin... Car les maisons de tous vivants sont en tous lieux dans l'Univers. Le bien le mal, il faudrait mourir d'immédiateté pour parer à l'émoi. Je pense à l’indifférence, à ce monstre logé dans l’inconscient. J'aimerais offrir aux limaçons sa grandeur méritante, j'invite l'inconnue dans mes émois, briseur gratuit d'existences. Gloire immense à ceux qui écartent l'escargot des chemins mouillés empruntés. Réconfort intense à ceux qui, par mégarde, ôte la vie à l’être de coquille sur les sentiers de détour. Tendrement donc, j'accable la marche béotienne car je porte ma plume à la petitesse de l'être, en Juin.

Juillet... Le grand chêne retrace la ride de son premier été, il sait que le temps n'est qu'une affaire de plis. Enraciné têtu dans sa terre, il gonfle le tronc et présente à sa colline son pelage estival. Vieux de presque mille ans, dix générations d'hommes dans sa sève, il rudoie à penser que l'on oubli tant de choses. Les glands se jetant dans la connaissance sans même gouter à l'ignorance ne sont pas les siens, ils portent indéniablement la marque humaine. A ces glands ici et là-bas, consommateurs de vérités, adorateurs d’immortalités ; les incertitudes accablent mon ventre tellement la saveur de l'utopie me paraît impossible, en Juillet.

Aout… Pour tous les coudes éraflés, les nez coulant. Pour toute la mauvaise herbe, la fleur qu'on ne coupe pas. Pour tous les ânes érudits, les imbéciles heureux. Pour la guêpe dans ton repas, le frelon qu'on épargne. Pour tous les pères regrettés, les vies pas crées. Pour le geste amical, le timide qui supporte. Pour toutes les haines transformées, les pardons apaisants. Pour le menhir sur l'épaule, le poids qu'on ne sent plus. Pour tous les vents effleurant, les marées empoignantes. Pour le cri silencieux, l'Aimée qui manque. Pour tous les actes invisibles, les esprits rencontrant. Pour le grain dans le sable, la petitesse qui sublime. Pour la chance dans ma vie, la promesse d'Amitié. Déférence à toutes formes d'innocences, en Aout.

Septembre… L'araignée sort des pierres, déambule dans ma chambre. Les moustiques et les mouches n'ont plus l’âme à zoner. La rosée du matin, cette fraîche cristalline se ravit d'encercler l'herbe de mon jardin. Les Coquelicots voient leurs graines courir sur le sol. La nature entre deux eaux, parsemée de brume et d'averses, refroidie quand vient la nuit. La nature dans ses gestes, les buissons frissonnants par le lièvre qui décampe. Les plages dépeuplées et le vent dans son art, déloge le grain de son sable. Je suis tiède en automne, partagé, entre rire ou pleurer. La pêche à la mouche, la fario qui s'agite, mon grand-père dans mon cœur, en Septembre.

Octobre…J'ai encore dans la gorge l'émoi de Septembre. A ma tête ma folie ! A mon coffre ma conscience ! Et mes mots tentant de tous bois de ne pas brûler dans le mensonge. Je demeure inexorablement un puits sans fond car le ventre de la Vérité fourmille d'absolus contraires. J'ai vœu de l'Idée sans conclusion, le souci de l'erreur et la valeur de son intelligence, admiratif de l'infini bouleversant ; j'évalue puis dévalue. Je cherche le rythme du monde par mes silences, charpenté d'incroyables, acharné de résonances, je prête l'oreille à la pluie en respectant chacune de ces gouttes ; j'évolue puis dévolue, en Octobre.

Novembre... Promenade dans les étoiles, varappe au-delà de l'esprit, embuscade vers l’immensité. Tout créateur induit sa propre création ! Quand est-il alors du père de tous les pères ? Les vérités ont leur refuge dans le corps de l 'infini. Ainsi ; dépecer, décharner l'inexplicable pour en arracher l'explicable perd tout son sens profond. Je ne peux qu'effleurer et me dire que je suis déjà trop prêt de mes détestables certitudes. Non pas celles du Seigneur pour autant, je prêche les voies de l'Interrogation ; l'impénétrable petit à petit pénétré, pour sentir la sève des réponses instables, éphémères comme le crépitement d'un oubli. Place aux fourberies de bon aloi , à la magie cosmique en Novembre.

Décembre… Juste le temps d'écrire et lui donner l'oscar. N' y a-t-il pas plus prestigieux que le Temps ! Le temps d'articuler maintenant qu'il est déjà passé. Le temps de réfléchir sur lui qu'on le ressent futur. Tant de temps coulés à travers son élasticité ! Un infini si parfait qu'il m'est inconcevable de le définir précisément. Le Temps s'habille point ; juste d'immobiles et de mouvements, juste de naissances et d'enterrements, juste de matières et d'invisibles. Autant de questions et de postulats sur lui que sa victoire à jamais sans arrogance rend ses créations désarçonnées. Tempérons-nous face au Temps. Je finis, en Décembre.


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L’inspiration émane de sous le pétale,
Pour que fleurisse un ténébreux nénuphar!

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