L'azur déjà n'est plus qu'un rideau de feuillages
Où goutte par instant un reste de clarté ,
La lune tout à l'heure, étirant les nuages,
Baillera de tendresse aux lèvres de l'été.
La nuit creuse son nid d'une aile maternelle
Comme pour accueillir et garder auprès d'elle,
L'amour qui s'achemine, un peu timidement,
Du baiser qu'on reçoit, à celui que l'on prend.
Le rocher ruisselant aux rides du ruisseau ,
De sa voix fait vibrer les ombres du silence.
Sous le bel olivier s'égare l'innocence,
L'amour fait son chemin, encor à fleur de peau ...
Puis , c'est une caresse, un cri caracolant,
Des rires en rubans au roulis d'une bouche,
C'est un cœur qui prend feu, l'autre qui s'effarouche,
C'est le bal endiablé d'un beau soir de Saint Jean !
C'est un mauve rimmel qui déborde des yeux ,
L'averse d'un sanglot en vague sensuelle,
Un désir chatouillé dans le creux de l'aisselle ;
C'est un éclat de chair qui fait trembler les cieux !
Du baiser qu'on reçoit à celui que l'on donne,
L' aurore crescendo dans le ciel liseronne
Et bercera bientôt en ses bords verdoyants,
Les corps entrelacés des candides amants !
Du baiser qu'on reçoit à celui que l'on donne
Ainsi donc, va la vie et vivent les amours,
À peine l'heur d'aimer, que la cloche résonne !
Mais chut ! Laissons-les...laissons-les s'endormir
Et goûter en rêvant sur leurs lèvres velours,
Les lents tressaillements languides du plaisir !