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     Le Dernier Bonheur [Nouvelle]
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Expéditeur Conversation
celineb
Envoyé le :  5/9/2017 7:26
Plume de platine
Inscrit le: 8/4/2017
De: Hauts-de-France
Envois: 4456
Le Dernier Bonheur [Nouvelle]
Le Dernier Bonheur

Elle tombe, ou plutôt elle glisse, elle plane. Le voyage est long depuis la cime de l’arbre et la feuille d’automne est pensive. C’est la fin du parcours. L’été est déjà loin, septembre s’est écoulé grain à grain, octobre est parti, novembre a commencé.

Avec ses sœurs, doucement, la feuille s’est détachée de son support, la forte branche du chêne. Sa chute se fait sans effort, sans murmure, lente, si lente. Des vers insistants dansent dans sa pensée. Elle est si vieille, si âgée, mais elle goûte encore la beauté, et sa fin lui inspire ce chant monotone et gracile.

Le Troisième du mois

Doucement, une feuille tombe,
Danse un moment dans le ciel,
Puis disparaît sur le sol,
Parmi la multitude.

Sans pleurer,
Sans prier,
Sans demander grâce,
Elle abandonne le jour.

L’une après l’autre, en silence,
Parfois rapides et souvent lentes,
Les feuilles se rejoignent
Dans le vent murmurant.

De loin,
Tout paraît immobile,
Mais c’est un frémissement,
OĂą rien ne dort et tout sommeille.

L’hiver avance à grands pas.

Oui, l’hiver, ce croquemitaine des légendes qui ruine les destinées et n’épargne nulle feuille. La vie végétale est brève quand on est si fragile. Elle l’a toujours su, sa vie devait être courte. Mais y pense-t-on quand on est jeune ? Et la feuille a été jeune, toute jeune. Avec ses pareilles, elle était d’un si beau vert tendre, elle brillait au soleil. A présent, c’est vrai, elle est desséchée, pourpre et dorée, tellement vulnérable. La vie assèche les cœurs sensibles.

Comme elle aimait danser dans le vent, par beau temps, bien sûr, mais aussi lorsqu’il faisait de l’orage. Que c’était amusant de voir en contrebas les passants fuir les averses ! Ils s’abritaient de la pluie sous les ombrages, tremblants, sans savoir à quel point ils étaient amusants.

La chute se poursuit, la terre l’attire irrésistiblement, comme le sol est loin.  Les forces de la feuille l’abandonnent peu à peu, ses souvenir s’estompent et pourtant, dans sa mémoire, brillent encore quelques joyaux lumineux, comme un dernier bonheur. Ce soir de juin, empli de sentiment, par exemple. Deux amoureux s’étaient blottis au pied du grand arbre. Dans la douceur de l’été commençant, leur passion montait jusqu’au ciel pour rejoindre les étoiles.

Le sol se rapproche, la feuille n’en finit pas de tomber, sa chute est lente. Comme sa vie fut douce, parmi ses semblables, vibrant à l’unisson.

Il lui semble encore entendre le chant des tourterelles qui s’abritaient des rayons brûlants du soleil de juillet sur les branches du chêne. Une paix infinie baignait le géant débonnaire, la nature souriait, quel bel été que cet été !

La feuille à présent est toute proche du sol, elle ne s’en pas compte, sa mémoire s’est enfuie. Une pluie d’or semble s’abattre sur la terre. Le bel été flamboie une dernière fois. Une pluie mauvaise, un vent aigre vont disperser les feuilles amassées. Une autre saison viendra. L’hiver blanchira le sol indifférent. Ainsi va la vie, sur la terre du silence.

FIN
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