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     La Lune gibbeuse [Nouvelle]
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Expéditeur Conversation
celineb
Envoyé le :  3/9/2017 7:38
Plume de platine
Inscrit le: 8/4/2017
De: Hauts-de-France
Envois: 4456
La Lune gibbeuse [Nouvelle]
La Lune gibbeuse

Cette nuit-là, Marie ne pouvait pas dormir. Etait-ce la perspective de son départ pour l'internat le lendemain qui la préoccupait ? Elle savait pourtant que si elle voulait étudier dans de bonnes conditions, elle devait quitter sa famille, ses amis et son petit village. Ce dernier n’offrait rien aux élèves au-delà du collège et Marie voulait aller au lycée. Il lui fallait tout quitter bientôt et cet avenir lui faisait peur.

Lassée de se tourner et de se retourner dans son lit, la jeune fille décida de se lever. Elle enfila sa robe de chambre et descendit à pas de loup l’escalier. Elle atteignit rapidement le rez-de-chaussée de la maison de ses parents. Tout était silencieux et tranquille. Il faisait chaud en cette nuit d’été finissant. Marie décida d’ouvrir la porte-fenêtre du salon pour laisser entrer un peu d’air. Elle écarta les deux battants et respira à pleins poumons. Ouf ! Il faisait meilleur dehors. A la lueur pâle de la Lune, elle distinguait les arbres de la rue, le vieux puits à l’angle de la place. Elle resta immobile un instant à écouter les bruissements discrets du silence. Et dire que demain, elle quitterait cet environnement familier, rassurant. Elle en aurait pleuré.

Elle sursauta soudain. Il lui semblait avoir aperçu une ombre, une silhouette, qui glissait dans la nuit. Oui ! Elle en était sûre ! Une femme se déplaçait dans l’ombre, le plus discrètement possible. Elle reconnut la vieille Francesca, une dame âgée qui habitait seule à l’extrémité du village. Que faisait cette femme dehors à cette heure de la nuit, se demanda Marie. Pour en avoir le cœur net, elle décida de la suivre et de lui parler. Après tout, cette dame isolée avait peut-être besoin d’aide, sans doute n’osait-elle pas demander du secours.

Marie sortit par la porte-fenêtre du salon, repoussa soigneusement les battants et entama sa poursuite nocturne. Elle n’eut aucun mal à suivre la vieille dame, celle-ci allait assez lentement, il lui semblait même que parfois, elle l’attendait. Francesca remonta la rue principale, tourna à droite à l’angle de la pharmacie et sortit du village par la rue Grangier. Mais où allait-elle ? Marie n’était pas rassurée. Sortir du village à deux heures du matin ! Cela ne lui était jamais arrivé, même avec ses amis en soirée. Il n’y avait aucun bruit alentour. On entendait juste aboyer un chien au loin et chanter quelque oiseau nocturne.

La poursuite continuait, Francesca ne cessait de s’éloigner. Elle gagna la forêt. Marie, qui la suivait de loin, aurait eu très peur s’il n’y avait eu cette grosse Lune rassurante au-dessus de sa tête. Le luminaire nocturne lui permettait de voir quasiment comme en plein jour. La jeune fille remarqua que la Lune n’était pas pleine ni en quartier, elle était dans une phase particulière, de transition, gibbeuse ascendante.

Arrivée dans une clairière brillamment éclairée par la Lune, la vieille dame s’arrêta brusquement. Pourquoi avait-elle interrompu sa progression ? Etait-elle parvenue à destination ? C’est ce qui semblait. Marie la vit lever les deux bras en l’air, dans une sorte d’invocation. Qui suppliait-elle ? Cette vieille femme était-elle en fait une sorcière qui priait le Malin ? Très mal à l’aise, la jeune fille décida de l’aborder. Elle se rapprocha de Francesca et s’arrêta tout près d’elle. La vieille dame baissa les bras, les tenant le long du corps, semblant psalmodier quelque chose.

- Bonsoir, Francesca, je vous ai suivie cette nuit, j'ai pensé que vous aviez besoin d'aide. Tout va bien ? Que vous arrive-t-il ? Pas de problème ?

La vieille femme se tourna vers Marie, semblant sortir d'un rêve éveillé. Elle ne répondit pas, se contentant de sourire mystérieusement.

La jeune fille insista :
- Francesca, répondez-moi ! Je m'inquiète pour vous, j'ai tout quitté pour vous rejoindre et vous aider !

La vieille dame sourit à nouveau et répondit :
- Jeune fille, ce n'est pas moi qui ai besoin d'aide, c'est vous, et c'est la raison pour laquelle vous m'avez suivie.
- Je ne comprends pas, que voulez-vous dire ?

Dans la clairière, il faisait quasiment jour à présent, tant la Lune gibbeuse éclairait les environs. Une clarté laiteuse nimbait les arbres autour d'elles.

Francesca reprit doucement :
- Vous avez peur de quitter vos parents demain, vos amis, votre vie de petite fille pour aller au-devant de votre avenir et pourtant, vous m'avez suivie, moi, une inconnue, jusqu'au fond de la forêt. Vous saviez que vous trouveriez après de moi le remède à vos craintes.
- Mais... de quoi voulez-vous parler ?
- Regardez autour de vous, Marie, que voyez-vous ?
- Euh... je vois la lumière, les arbres, le ciel, les étoiles, la paix.
- Oui, Marie, vous voyez, vous sentez la paix du monde et pourtant, vous ĂŞtre pleine de crainte. Pourquoi ?
- Pourquoi ? Je l'ignore, en fait !
- Oui, vous l'ignorez, vous craignez quelque chose qui n'existe pas sur cette terre de silence, vous redoutez des périls imaginaires.

La jeune fille réalisa que la vieille dame disait vrai. Oui, elle avait peur, peur d'un avenir fictif et puéril, empli de croquemitaines, elle avait peur de vivre, en fait. Et cette crainte lui paraissait, dans la douce tiédeur de la nuit, parfaitement ridicule.

Francesca souriait. Le visage de la vieille femme paraissait nimbé de la même lumière que celle qui régnait sur la forêt.
- Allons, rentrons, jeune fille, il est l'heure de se quitter. Il faut vous recoucher et vous rendormir. Demain se poursuit pour vous le long voyage de la vie.

La vieille dame tourna les talons prestement et regagna le village à vive allure, tellement vite qu’au bout d’un instant, Marie la perdit de vue. Cette dernière regagna la maison de son enfance. Elle pensait à cette scène étrange, cette leçon de sagesse qui lui avait été transmise au cœur de la forêt par une sorcière ou une fée, qui sait ?

La jeune fille se recoucha en silence, pensive. Demain, une longue journée l’attendait, demain, une nouvelle vie commençait pour elle.


FIN
anonyme
Envoyé le :  6/9/2017 12:10
Re: La Lune gibbeuse [Nouvelle]
Craintes imaginaires comme autant de barrières.
Cela m'a rappelé mes années d'internat, les veilles de départ, les dimanches soirs...
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