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     Marie-Souris [Nouvelle]
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Expéditeur Conversation
celineb
Envoyé le :  1/9/2017 4:49
Plume de platine
Inscrit le: 8/4/2017
De: Hauts-de-France
Envois: 4456
Marie-Souris [Nouvelle]
Marie-Souris

Au 29, rue Jacques Bompart, c’était tous les matins un rituel : après le passage du facteur, on voyait, à petits pas, s’éloigner doucement une vieille dame, Marie Bertin, locataire d’un petit studio au dernier étage. Les voisins auraient pu régler leur montre sur l’heure de son départ. A 9h15 très précisément, en effet, la personne âgée sortait pour acheter son pain, une demi baguette. Elle vivait seule, on ne savait pas si elle avait été mariée, toujours est-il que personne ne lui rendait jamais visite.

En revanche, si elle croisait un voisin, des saluts amicaux étaient échangés, quelques mots sur le temps également, et des nouvelles de la santé de tout le monde. Elle était très souriante, aimable, c’était toujours un plaisir de la rencontrer, bien qu’elle restât très discrète sur son passé.

La vie s’écoulait paisiblement dans ce quartier parisien, un peu en retrait des grandes artères de la capitale. Tout le monde se connaissait plus ou moins. Chacun avait pris l’habitude de voir passer la vieille dame à heure fixe, en saluant son passage d’un « Tiens ! C’est l’heure de Marie-Souris ! » amusé. La discrétion de la vieille dame lui avait valu ce surnom plus affectueux que moqueur.

Les journées étaient longues pour Marie, qui attendait le soir avec impatience. C’était ce moment qu’elle avait choisi pour se plonger avec ravissement dans un ouvrage magnifique, un cadeau de son père. Il y avait bien longtemps, en effet, celui-ci lui avait offert un superbe livre, illustré de gravure anciennes, en lui recommandant d’en prendre grand soin. Elle ne savait plus quand l’ouvrage lui avait été offert ni à quelle occasion, mais elle le chérissait. Doré à l’or fin, la reliure du recueil étincelait dans son petit appartement étroit. C’était sa seule richesse, son unique trésor. C’était aussi son secret. Elle n’avait jamais dit à personne qu’elle passait des soirées merveilleuses à lire des contes du temps jadis.

A l’heure dite, lorsque le soleil s’effaçait doucement et que les ombres envahissaient la ville, après avoir soigneusement vérifié la fermeture de la porte d’entrée, la vieille dame ouvrait le précieux ouvrage et tournait les pages lentement. Elle connaissait son contenu par cœur, cela faisait si longtemps qu’elle le parcourait, mais il lui semblait que les histoires qui y étaient narrées étaient toujours nouvelles.

Quel récit lirait-elle ce soir ? Celui de la princesse au colibri ? La fable des deux chandeliers ? Le conte de la colombe et du chevalier ? Ou alors, son histoire préférée, celle de L’Enfant au Grimoire. C’était un conte délicieux, elle l’adorait. Une enfant toute jeune était élevée par un magicien aux pouvoirs sans limite. Il l’avait prise sous sa protection et lui transmettait jour après jour tous ses secrets. L’enfant tenait son journal et racontait ses progrès en matière d’enchantements jour après jour. Elle devenait à son tour une fée ravissante et répandait le bonheur autour d’elle.

Lors de sa lecture, Marie-Souris, au comble du ravissement, devenait alors, comme l’appelait son père, Marie-Sourire. Son visage s’illuminait. Elle devenait semblable dans son cœur à la belle princesse de légende, à la fée du grimoire.

Après deux heures de lecture agréable, la plupart du temps, la vieille dame regagnait son lit et se couchait en souriant, songeant à ces personnages merveilleux qu’elle venait de côtoyer. Parfois, de plus en plus souvent, il lui arrivait de s’endormir dans son fauteuil, le cœur en fête et le grand livre dans les mains, comme si elle avait voulu l’emporter dans ses rêves.

Un matin, les habitants de la rue Jacques Bompart s’étonnèrent de ne pas voir leur vieille dame favorite trottiner jusqu’à la boulangerie. Elle qui était si ponctuelle ! Que se passait-il ? Un peu inquiets, ils regardèrent tout en haut de l’immeuble : les volets de Marie-Souris n’étaient pas levés. Avait-elle un souci de santé ? Elle semblait si fatiguée ces derniers temps… Une voisine décida finalement de monter, elle sonna, personne ne répondit. Au comble de l’inquiétude, elle appela les pompiers. Il fallait en avoir le cœur net.

Les secours arrivèrent rapidement. Il n’y avait pas de bruit dans l’appartement. Les hommes fracturèrent la porte et entrèrent dans le petit logement. Face à la fenêtre, dans son grand fauteuil à oreillettes, la vieille dame était immobile. Ses yeux étaient fermés, elle ne respirait plus. Marie-Souris avait quitté ce monde aussi discrètement qu’elle y avait vécue. Elle était seule, là, devant eux, un fin sourire dessiné sur ses lèvres.

Un détail de la scène attira l’attention des pompiers : curieusement, les mains de la vieille dame semblaient tenir un livre invisible.

FIN
Sybilla
Envoyé le :  9/10/2017 12:53
Modératrice
Inscrit le: 27/5/2014
De:
Envois: 93821
Re: Marie-Souris [Nouvelle]


Bonjour CĂ©line,

Très émouvant !



Belle journée !
Mes amitiés
Sybilla


----------------
Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates "réelles" de parution.


Le rĂŞve est le poumon de ma vie (citation de Sybilla)

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