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     Tom et le Perroquet [Nouvelle]
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Expéditeur Conversation
celineb
Envoyé le :  27/8/2017 20:20
Plume de platine
Inscrit le: 8/4/2017
De: Hauts-de-France
Envois: 4456
Tom et le Perroquet [Nouvelle]
Tom et le Perroquet

Il faisait bien gris, ce matin-là, dans les rues de Paris. Le mois d’octobre faisait voler les feuilles sur les trottoirs de la grande métropole. Tom rejoignait son domicile en longeant les quais, après sa journée de travail. Il aimait contempler les couleurs de l’automne sur les beaux arbres, en bord de Seine. La promenade était d’ailleurs distrayante : bouquinistes, boutiques en tout genre… Il regardait les animations de la ville avec sympathie.

Son regard fut attiré par la vitrine d’un vendeur d’oiseaux. Des cages de toute taille étaient disposées pour retenir le passant. A l’intérieur de celles-ci, des petits volatiles agités bondissaient avec agilité derrière les barreaux. Il plaignait les pauvres prisonniers de tout son cœur quand, à droite de la vitrine, il remarqua un perroquet qui l’observait avec attention. La tête à demi penchée, ce dernier semblait faire la liste de ses qualités et de ses défauts. Quel oiseau bizarre !

Intrigué, Tom franchit le seuil du magasin. Un vendeur volubile se précipita aussitôt vers lui, aussi agité, semblait-il, que ses volatiles. Il demanda à Tom s’il pouvait le renseigner. Oui, il pouvait le renseigner, et plutôt deux fois qu’une. Quel était donc cet oiseau étrange, bleu et or, qui regardait les passants sur le trottoir avec curiosité ? C’était la question qui trottait dans la tête de notre héros et il la posa immédiatement.

- « Le perroquet, là ? Ah ! celui-ci est un ara bleu et jaune ou Ara ararauna, figurez-vous, c'est son nom savant ! dit le vendeur avec un grand sourire. Il est beau, n'est-ce pas, tellement intelligent, aussi, on dirait un être humain qui vous regarde quand il pose ses yeux sur vous ! »

C’était bien ce que pensait Tom. Il était particulièrement sensible à la grande faculté d’observation que manifestait l’oiseau, qui gardait les yeux fixés sur eux. Et ses couleurs ! Une merveille ! Ses plumes turquoises sur le dos et les ailes ressemblaient à une étole de soie précieuse. Quant à son ventre, recouvert de petites plumes dorées, sa lumière étincelait dans la pénombre de l’animalerie.

- « Souhaitez-vous l'acheter ? demanda le vendeur, on ne peut plus aimable. Son prix n'est rien comparé à sa valeur, vous ne serez pas déçu ! »

Tom, fasciné par le beau perroquet, était tenté. Son métier de graphiste au sein du journal Le Quotidien le rendait bien vulnérable aux arguments du vendeur et à la beauté de l’ara. Mais un tel oiseau, c’est bavard, n’est-ce pas, pénible, on doit l’entendre jacasser, nasiller, à l’autre bout de la maison ! Il confia ses craintes au commerçant qui lui garantit que, contrairement à ses congénères, cet ara était silencieux comme une tombe. On ne l’entendait jamais parler pour ne rien dire. C’était vraiment un oiseau hors du commun, doué de toutes les qualités, et propre, en plus !

Notre héros succomba à la tentation, il fit l’acquisition du beau perroquet et l’emmena dans sa cage, en se jurant de lui laisser le plus de liberté possible dans son grand appartement.

La vie de Tom s’organisa dorénavant en fonction des besoins de l’oiseau. Subjugué par son acquisition rayonnante, il se levait la nuit pour voir si tout allait bien, lui garnissait sa mangeoire plusieurs fois par jour, et surtout, ne put s’empêcher de se confier à lui.

Le vendeur de l’animalerie avait raison : le bel ara était muet, il se contentait de regarder autour de lui sans ouvrir le bec. L’éclat métallique de son regard fascinait Tom. Il prit l’habitude de venir s’assoir à côté de lui et de s’épancher de longues minutes. Il lui racontait sa journée de travail, revenait sur son enfance, évoquait ses parents, qu’il avait perdus très jeune.

Ces minutes devinrent très vite des heures. Lui si discret, qui n’aimait pas pérorer, qui ne se confiait que difficilement et du bout des lèvres, parlait interminablement avec son oiseau, ou plutôt, il s’adressait à lui, sans obtenir de réponse. Peu lui importait. Il découvrait le merveilleux plaisir de bavarder sans fin.

Tom ne supportait plus de s’éloigner trop longtemps de ce perroquet magnifique qui l’écoutait avec une telle intelligence et une si merveilleuse compréhension. L’oiseau vola bientôt en liberté dans l’appartement, le jour comme la nuit. Le logis de Tom était devenu son territoire et le graphiste ne se sentait plus vraiment chez lui mais chez l’ara. Quelle importance ? L’oiseau lui apportait tellement !

Notre héros se mit à arriver en retard à son travail, à regagner son domicile trop tôt, avant la fin de la journée, tant il avait hâte de retrouver son idole et son confident. Il rompit tout lien avec ses amis. La vie de ce célibataire endurci était dorénavant emplie d’amour et de passion.

Un matin, après quelques rares heures de sommeil, il se sentit inspiré par une merveilleuse Muse ailée. Lui qui n’avait jamais tenu un stylo de sa vie, qui n’avait jamais goûté la poésie, nota fiévreusement les vers que lui inspirait ce bel oiseau exotique :

Dans la forĂŞt vivante,
Les perroquets bleus s’envolent
Par-delà l’horizon.
Dans leurs prunelles dorées,
Se distinguent encore
Les temples engloutis…

Sa vie était transformée, il nageait dans le bonheur, - et les ennuis. Les factures s’accumulaient, peu lui importait, sa vie avait à présent un sens.

Un matin, la sonnette résonna avec force. Cela faisait longtemps qu’il n’avait reçu personne. C’était son ami d’enfance Jérémy, qu’il aimait jadis appeler Jerry, clin d’œil au dessin animé « Tom et Jerry ». Son ami s’inquiétait pour lui et le lui fit bien comprendre. Jérémy fut stupéfait de voir à quel point son ami était affaibli. Cette obsession pour l’oiseau était devenue vraiment malsaine et négative.

Tom, au contact de cet ami de toujours, sembla se réveiller d’un rêve, d’un mauvais rêve, qui lui avait fait perdre la raison. Oui, il s’en rendait compte à présent, il était beaucoup trop attaché à ce volatile, cette passion détruisait lentement sa vie et l’isolait du monde réel.

Jérémy quitta le logis de son ami intime, après lui avoir fait promettre de mener dorénavant une vie plus raisonnable et plus équilibrée. Sitôt « Jerry » sorti, Tom s’approcha de son beau perroquet aux yeux d’or, se blottit à ses pattes, implora du regard sa compréhension et demanda son pardon.

Toute la nuit et tout le jour suivant, il resta prosterné, heureux, devant celui qu’il avait trouvé par une belle après-midi d’automne, sur les quais de la Seine, chez un marchand d’oiseaux.

FIN
Sybilla
Envoyé le :  21/9/2017 12:40
Modératrice
Inscrit le: 27/5/2014
De:
Envois: 95051
En ligne
Re: Tom et le Perroquet [Nouvelle]


Bonjour CĂ©line,

Très beau !



Bonne journée !
Mes amitiés
Sybilla


----------------
Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates "réelles" de parution.


Le rĂŞve est le poumon de ma vie (citation de Sybilla)

celineb
Envoyé le :  22/9/2017 12:44
Plume de platine
Inscrit le: 8/4/2017
De: Hauts-de-France
Envois: 4456
Re: Tom et le Perroquet [Nouvelle]
Le bonheur dans l'esclavage.... :)

Merci Ă  toi !


----------------

anonyme
Envoyé le :  26/9/2017 15:02
Re: Tom et le Perroquet [Nouvelle]
Passion dévorante.

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