A l'ombre d'une solitude,
elle se souvenait avec gaieté
des rires osés à gorge déployée
le sourire franc qui fendait..
la face hideuse d'un hiver si laid.
A l'ombre d'une incertitude
elle fronçait tant le front..
faisait d'une amande un oeil rond
insolite, en point d'interrogation.
capitulait en points de suspension.
A l'ombre d'une attitude,
elle rêvassait revivre le passé
d'un rencard sur ce banc esseulé
où elle et lui se rencontraient...
la belle petite gueule de l'infidélité.
A l'ombre d'un prélude..
un ciel en pyjama baigné d'étoiles
elle, transie jusqu'Ã la moelle
les nuages gris s'amoncellent
la mémoire puise dans le superficiel.
A l'ombre d'un baiser prude..
d'un possible nouvel amour
avec ou sans l'éternelle cour
elle en connait tous les détours
le raccourci qui mène au désamour.
A l'ombre d'un espoir absurde
d'un rendez vous avec le passé
sous l'arbre déjà en fleurs fanées..
revoir cet amant qui fut quitté...
déchets d'une passion délabrée
A l'ombre d'une plénitude...
les coeurs boivent et s'enivrent
se débrident.. et se livrent,
ce cul posait là ces lèvres de cuivre,
à l'ombre d'un lui.. sans certitude.
A l'ombre d'une solitude,
la montre aux aiguilles arrêtées
sur son joli et fragile poignet..
A l'ombre d'un soleil exagéré,
la solitude s'impose en tenue de soirée.
Isabelle
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Le livre Mots à marée basse
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