Oasis des artistes: Poésie en ligne, Concours de poèmes en ligne - 6528 membres !
S'inscrire
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 


Mot de passe perdu ?
Inscrivez-vous !
Petites annonces
Qui est en ligne
142 utilisateur(s) en ligne (dont 127 sur Poèmes en ligne)

Membre(s): 1
Invité(s): 141

Sybilla, plus...
Choisissez
LANSARI
HĂ©bergez vos images
zupimages
Droits d'auteur


Copyright



Index des forums de Oasis des artistes: Le plus beau site de poésie du web / Poésie, littérature, créations artistiques...
   Contes et nouvelles (seuls les textes personnels sont admis)
     mes rĂŞves
Enregistrez-vous pour poster

Par conversation | Les + récents en premier Sujet précédent | Sujet suivant | Bas
Expéditeur Conversation
hervegosse
Envoyé le :  10/6/2017 15:49
Plume de soie
Inscrit le: 20/8/2011
De: PARIS
Envois: 173
mes rĂŞves

Mes rĂŞves

Dans mes rêves, souvent, j’apprenais que mon père était Persan et que ma mère était Siamoise. Ils ne m’attendaient pas vraiment, car avant moi, ils n’avaient pas eu d’enfant.

Au début, mes parents me couvaient. Notre maison de bois était un nid douillet. Dans mon lit, je piaillais doucement.

Mes parents trouvaient cela charmant et ils riaient dès que j’ouvrais le bec. Dans la maison, tout ronronnait parfaitement.

J’éprouvais un même sentiment de bien être que dans d’autres rêves où j’étais encore dans le ventre de maman. Je sentais la chaleur de l’eau dans la baignoire. J’adorais les bruits de déglutition dans la gorge de ma mère. J’appréciais l’écoulement de l’eau fraîche dans son estomac. J’aimais m’endormir en même temps que maman quand son corps cessait de bouger. Je me sentais toujours protégé même quand mon père posait son doigt sur le ventre maternel et criait bien fort : « Coucou, c’est papa ! ». C’était la même chose quand maman déclenchait la chasse d’eau dans les toilettes.

Dans mon rêve, j’étais soudain effrayé par les mains du médecin accoucheur qui me tirait par les pieds. Maman criait si fort que cela me réveillait.

En grandissant, mes piaillements ont énervé mes parents. Au début d’un été, maman, fatiguée, dormait en boule. Papa faisait ses griffes dans son nouveau métier.
lls ont commencé à me montrer leurs dents. Je leur hérissais le poil. Un soir, ils m’ont éloigné de leur chambre. Ils m’ont enfermé dans une grande cage. Ils l’ont installée dans la cuisine. Ils y ont placé mon lit.

Ensuite, ils ont acheté un chaton. Ils l’ont appelé MOZART. Très vite, ils l’ont aimé plus que moi. Ils l’ont laissé dormir dans la maison. Je l’entendais miauler derrière la porte. Mes parents l’écoutaient, assis dans le canapé. J’étais enfermé dans la cuisine et lui se pavanait dans le salon. Il buvait plus de lait que moi. Il grossissait davantage car je mangeais comme un oiseau.

Quand mes parents étaient avec moi dans le séjour, ils écoutaient de la musique classique. Ma mère, qui suivait des cours de danse, s’entraînait à faire des entrechats.

Mon père consultait des albums remplis de photos de matous. Passionné de généalogie, il s’étonnait de voir, à chaque génération, tant de chats dans la famille. Il y en avait des noirs, des blancs, des rayés. Certains avaient des moustaches finement taillées, d’autres plus épaisses, juste sous le nez. Plusieurs les avaient à l’horizontale ou recourbées. Des moustaches cachaient le bas des visages, notamment les bouches qui s’ouvraient sur des dents impeccables. Tous ne se rasaient pas mais aucun n’avait la barbe sale. Il y avait aussi de jolies photos de chattes, comme celle de la Chatte « Beauté », qui avait un air de noblesse et un joli sourire.

Mon père, le chaton sur les genoux, semblait fier de ses ancêtres. Il lui semblait normal d’ajouter toujours des photos de chats pour compléter l’album.

Il faisait aussi le ménage dans ses photos. Il enlevait souvent celles des ânes, que possédaient les vieilles générations, vivant dans des fermes à la campagne. C’était des gens arriérés, affublés de bonnets, qui n’apprenaient rien à l’école. Mon père disait que l’un d’eux avait quand même essayé d’être médecin et qu’un autre avait tenté d’être instituteur. Mais ces deux là étaient aussi des ânes qui ne pouvaient ni éduquer ni soigner d’autres ânes. Ils n’étaient pas dignes de leurs premiers ancêtres qui se déplaçaient à cheval.

Qui plus est, Ils se croyaient supérieurs et n’avaient pas honte d’être portés par des hommes. L’habitude était même répandue en Espagne où, a contrario, il était interdit de voyager à dos d’âne.

Dans un rêve ultérieur, je jouais moi-même le rôle d’un âne. Ma famille avait besoin d’argent. J’avais plusieurs frères. Nous étions trop nombreux. Mes parents se mettaient à quatre pattes sur le sol de la cuisine, à la recherche du moindre centime. Ils m’accusaient souvent de leur coûter trop cher. D’un commun accord, ils m’avaient attaché sur le dos un sac pour y faire glisser toutes les pièces qu’ils pouvaient récupérer. Le sac grossissait peu à peu. J’étais chargé de conserver les économies de la famille. Je me voyais déjà comme le plus friqué du quartier. A quoi bon ! Je ne pouvais pas dépenser mon argent de poche!

J’ai rêvé que le sac était plein. Je ne pouvais plus avancer. Mes parents me poussaient aux fesses et mes frères me tiraient par la bride.
Ils m’amenèrent à la Caisse d’Epargne. Là, je fus ovationné par une foule d’employés. Je me frayais un chemin jusqu’à la caisse. Les pièces, une fois versées, remplissaient deux coffres blindés. Le Directeur me caressait le dos, faisait un discours et remerciait toute ma famille.

Sur le chemin du retour, personne ne me parlait. On ne me laissait pas entrer dans la maison. Tous se concertaient. Ils étaient d’accord. Ils n’avaient pas besoin d’un âne. Un âne quittait un jour ou l’autre sa famille. Ils vendraient l’âne et mettraient l’argent dans une tire lire.

Dans les albums, quelques photos de singes faisaient rire mon père. Il disait qu’il s’agissait d’êtres un peu plus malins. Autrefois, ils avaient réussi dans le domaine artistique. Certains avaient peint des portraits de famille, en embellissant les modèles, surtout au niveau des oreilles. Cependant, mon père ne les tenait pas autant en estime que les chats.
MOZART ne m’aimait pas. Mes parents avaient beau le raisonner, dès qu’il me voyait, il sortait les griffes et montrait les dents. On me disait toujours qu’il était gentil et qu’il ne faisait pas de bêtises. Il n’était jamais puni.
Quand le chat ne rentrait pas à la maison, mon père et ma mère s’inquiétaient. Ils oubliaient de me donner à manger. Ils faisaient le tour du jardin, à la recherche de l’animal. Le soir, si MOZART ne venait pas, ils se rassuraient en se disant qu’il chassait les souris.
Dès que j’étais au lit, ils appelaient MOZART. Ils miaulaient, ce qui me faisait peur. Ils s’étaient laissé pousser les ongles. Ils grattaient à la porte de la cuisine. Ils entraient parfois et lapaient une assiette de lait posée sur le sol. Si le chat se pointait, ils miaulaient tous les trois.

Une nuit, au début de l’hiver, MOZART est entré dans la maison, avec d’autres matous. La porte de la cuisine n’était pas fermée. Ils ont rodé pendant des heures autour de ma cage. J’ai eu beau crier, mes parents ne sont jamais venus. Au matin, ils ont trouvé la cage vide et mon berceau renversé.

Mes parents ont lancé un avis de recherche auprès de la police de l’Etat pour me retrouver et mettre la main sur MOZART qu’ils n’ont jamais revu. Au bout de quelques mois, ils ont pensé que la police avait d’autres chats à fouetter. Ils ont acheté un nouveau chat et n’ont plus voulu d’enfant.

C’était un bébé chat qu’ils nourrissaient au biberon. Il dormait toutes les nuits dans un petit lit, installé dans la chambre d’enfant. Mes parents se levaient dès qu’il miaulait et ils le cajolaient s’il faisait des cauchemars.

Mon rêve devenait terrifiant, j’étais au fond d’une cave, dans une maison, au fin fond de la ville. Les matous s’apprêtaient à lacérer mon corps de coups de griffes et à le mordre de toutes parts. Ils voulaient m’arracher les yeux, me couper les ailes et les pattes. Ils allaient me laisser pour mort dans la cave. Mais, au dernier moment, comme par miracle, je réussissais à me sauver en passant à travers les barreaux d’un soupirail.

Hervé GOSSE


----------------

Sybilla
Envoyé le :  5/8/2017 23:19
Modératrice
Inscrit le: 27/5/2014
De:
Envois: 95513
En ligne
Re: mes rĂŞves


Bonsoir hervegosse,

Très belle et émouvante histoire !



Bonne nuit !
Mes amitiés
Sybilla


----------------
Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates "réelles" de parution.


Le rĂŞve est le poumon de ma vie (citation de Sybilla)

Par conversation | Les + récents en premier Sujet précédent | Sujet suivant |

Enregistrez-vous pour poster