Août 14 sélection 5/9/14 revue le 7/9/15 et le 9/05/17
De l'âme humaine et de quelques calembredaines
Pleurez gentes madeleines, cela en vaut la peine.
L'histoire n'est qu'un éternel recommencement, les époques se suivent et se ressemblent,
telle est la prédiction des Cassandre renaissant de leurs cendres .
Nous partons pour la Grande Guerre, la revanche de Sedan ; les fantassins allemands partent en rangs, trombones et tambours martelant la victoire, le chant des morts sur les champs de bataille : corps offerts à la mitraille, cercueils pour la valetaille : milliers de spectateurs applaudissant les uniformes étincelants sous le doux soleil d'Août 1914 annonçant un été florissant.
Des millions de morts jonchent le sol des nations ; terres labourées par les grenades ; cadavres asphyxiés par l'ypérite, que de corps oubliés par l'histoire, effacés dans les fossés des mémoires, gommés : c'était la préhistoire....braves gens....oubliez les cimetières sous la lune de Bernanos, écrivain français, le Stahlgewitter : orages d'acier, Pickelhauben – casques à pointe- et Mauser de Ernst Jünger et Erich Maria Remarque, côté allemand...... et contrition, chagrins et damnation, pleurs des nations. Sonnons du clairon.....réveil des morts.
Mais les historiens sont plus doués que moi pour vous raconter ce que les fantassins ont subi dans les tranchées, engoncés dans leurs trench-coats, glacés et montant à l'assaut en groupes désordonnés : au champ d'horreur, il n'y a rien de plus beau que la mort au flanc du coteau.
Chant du départ, marche funèbre à l'arrivée, corps désarticulés abandonnés dans les fossés et les marais de la Somme, tombes dans les cimetières sous la lune qui seront bientôt oubliés, morts définitivement dans la mémoire des non-combattants: cent ans, sonnerie au champ, frisson du remords; parfums de mort et coups de clairon... point d'armistice pour les corps étendus dans la boue et les détritus.
En est-il autrement aujourd'hui ?
L'humanité n'a rien compris : que ce soit au Mali ou en Centre-Afrique, on s'écharpe, s'étrille,
scalps à l'infini et à l'envi,... puis l'oubli, morts ensevelis dans le surplis d'une mémoire assoupie.
Kalachnikovs, fusils d'assaut M4 ou M16, carabines APR, mitraillettes Sten, mitrailleuses MG34, canons rendent certains heureux, ils découvrent la magie du feu.... l'art de tuer sur leur écran d'abord et désirant tester grandeur nature leur capacité à écraser tout ce qui passe à leur portée d'un coup de feu bien ajusté : concours et couronne de laurier...médaille pour les défilés du 14 Juillet.... à vous de juger, c'est à votre portée..... de tir, pensé-je.
Et nous, pauvres prêcheurs, restons prostrés de douleur devant ces massacres à l'infini :
Mali, Centre Afrique, Afghanistan, Pakistan, Ukraine, Thaïlande, Irlande.... j'égrène.....pauvre rengaine.... neuvaines et mises en scène....drapeaux en berne..; linceuls en papier mâché.
Pages vaines et éternelles, voyez ma peine ; la coupe est pleine... de larmes : comment pouvons nous, nous pauvres humains, rester le mouchoir à la main pour dire adieu à ce que devrait être l'humain : un être de raison ouvert au compromis et à la réflexion ; tous ouverts à la communion, grands nous serions.
Au fait, depuis combien de temps tire-t-on du canon ; photo mystère : mettez vos neurones en ébullition, voici ce que nous souhaitons: une réponse à cette question.......
Voulez-vous encore faire la guerre ? Oui, sans aucun doute, et ceci reste le mystère de l'être de chair se préparant pour la boucherie au son des trompettes et des tambours...sonnerie aux morts pour toujours....drapeaux inclinés, respect à ceux qui reposent en paix, écroulés sous les boulets.
Fermez le ban, musiciens de l'étincelant clinquant, mais la fête est-elle finie ? Les cadavres sont tellement exquis, n'est-ce-pas Agatha Christie ? A bientôt aux Invalides pour la prochaine cuvée où chacun va parader.....croix et colifichets sur les poitrines décorées...et au champagne goûter dans certains salons très branchés où les vieilles planches vont se retrouver pour joyeusement rappeler leurs exploits dans les maisons closes ouvertes aux malandrins et les estaminets où il faisait bon danser.... attrait de l'uniforme frais repassé synonyme de conquêtes féminines câlines en quantité...à la douzaine prés.
Mais ne dérivons pas, nous nous reverrons bientôt aux Invalides car l'avenir sera torride....
Delacroix, la Liberté guidant le Peuple, ce n'est pas pour nous ; sans doute pour les voyous se tordant le cou pour mettre en ruines les étalages : oh qu'il est odieux ce champ de vitrines et si nauséabond le parfum des latrines qui réveille les civils ...
De l'âme humaine
