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Expéditeur Conversation
LouisSeverac
Envoyé le :  23/3/2017 21:23
Plume de soie
Inscrit le: 21/3/2017
De:
Envois: 158
Monsieur le Professeur
La consultation publique du patron, le professeur C. se déroulait chaque samedi matin dans le grand amphithéâtre de l'hôpital N.
Parmi les cinq chefs de clinique du service d'urologie, le patron m'avait choisi comme son chef de clinique personnel, et j'avais le titre, glorieux sans doute, bien qu'officieux de « chef du patron ». En tant que tel, l'une de mes prérogatives comprenait la mission d'une consultation préliminaire des patients, afin de choisir pour lui être présentés, ceux qui offraient la pathologie la plus édifiante possible pour les étudiants en médecine, qui constituaient l'essentiel des spectateurs. Ils apprenaient ainsi les règles d'une consultation d'urologie de la plus haute tenue.
L'amphi était immense, et on imagine l'angoisse des malheureux patients, ainsi exposés aux regards de cette foule. Après les avoir dûment informés, je devais évidemment obtenir leur accord avant de les faire entrer dans l'arène. A charge pour moi de trouver les mots pour les convertir, ce que je réussissais toujours autant qu'il m'en souvienne. J'étais stimulé dans cette tâche par le zèle d'enseignant que mon génial maître m'avait communiqué, comme à tous les chirurgiens de son entourage.
Pour emporter leur conviction, j'utilisais volontiers le terme « enseignement des étudiants » qui faisait merveille. Bien que cette consultation publique fut souvent éprouvante pour les patients, et ajoutait à la souffrance de leur propre pathologie, ce que je ne leur cachait d'ailleurs pas, le diagnostic et l'indication opératoire étaient assurés par l'un des meilleurs urologues de la planète. Quant à l'opération proprement dite, il m'en confiait assez souvent le soin, ce qui révérence garder, n'était pas moins bien.
De surcroît c'était un comédien hors pair, et chaque détail de ces consultations publiques restait gravé dans la mémoire des étudiants qui avaient le privilège d'y assister. C'est ainsi que ce maître à penser insufflait son génie à des étudiants qui ne l'ayant vu et écouté que quelques heures seulement dans toutes leurs études, feraient plus tard bénéficier à des milliers de malades du talent inégalé du professeur. Cette attitude du maître n'allait pas sans égratigner un peu l'humanisme. Cependant au sortir du spectacle, aucun malade et je les revoyais tous, n'émit jamais la moindre réserve sur le comportement un peu limite du patron, qui ne les considérait pourtant que comme destinés uniquement à servir l'enseignement.
Le service de l’hôpital N. était alors un phare qui éclairait l'urologie. Nombre de premières mondiales y furent effectuées, dont l'une par votre humble serviteur. Enfin, d'une humilité relative quand même, il ne faut rien exagérer.
Or, il advint qu’un jour la surveillante générale, introduisit dans l'amphi pour la consultation publique, un patient non choisi par mes soins, et donc inconnu de moi. Il s'avança d'une démarche gauche vers le patron, qui trônait seul au centre de la scène, assis sur une modeste chaise. D'emblée il dit :
— Déshabillez-vous.
Le malheureux essaya bien quelque résistance et chercha du regard un appui auprès de la surveillante, venue reprendre sa place au premier rang, et que selon toute apparence il semblait connaître, ce qui lui avait probablement valu ce passe-droit.
C'était une maîtresse femme, redoutée de tous les malades, de toutes les infirmières et même des chirurgiens. Mais grâce à elle le service d'urologie tournait rond comme une Formule 1. Elle avait le verbe haut, la taille imposante, le torse puissant, l'abdomen proéminent et dur, supporté par des cuisses massives. Elle avançait comme un char d'assaut, bousculant tout sur son passage, redoutable et redoutée. Comme pour une raison inconnue, j'échappais à cette crainte semi-universelle, je m'étonnais d'autant plus qu'elle se fût permis de passer au-dessus de moi.
Si son supposé protégé attendait quelque secours de sa part, il dut être déçu, car elle opina d'un énergique signe de tête à la demande de striptease public du patron. Il se mit donc en slip, au cours d'un effeuillage qui ne dut pas paraître bien érotique aux yeux des étudiantes. C'est dans cette pauvre tenue, qu'il osa tenter quelques paroles :
— En fait monsieur le professeur, si je puis me permettre, j'étais venu vous voir pour ...
— Stop. Déshabillez- vous complètement, coupa le maître.
Le patient sollicita du regard la surveillante, mais le panzer appuya l'injonction d'un impérieux signe de tête. Le malheureux obéit, et livra sa triste nudité aux yeux de l'amphithéâtre. Désemparé, les bras ballants, la queue entre les jambes et la tête basse, la victime attendait résignée la prochaine banderille. Les jeunes étudiantes souriaient, le plus discrètement possible.
Et là, surprise, le patron lui demanda avec bienveillance :
— Cher Monsieur, pourquoi êtes-vous venu me voir ?
— J'étais venu pour le renouvellement d'une ordonnance pour ma femme, Monsieur le Professeur.

Sybilla
Envoyé le :  17/6/2017 22:58
Modératrice
Inscrit le: 27/5/2014
De:
Envois: 95461
En ligne
Re: Monsieur le Professeur


Bonsoir LouisSeverac,

Superbe histoire !



Belle soirée !
Mes amitiés
Sybilla


----------------
Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates "réelles" de parution.


Le rêve est le poumon de ma vie (citation de Sybilla)

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