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     Le Vase Leconte de Lisle
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Expéditeur Conversation
Luthoriental
Envoyé le :  19/2/2017 10:27
Plume de platine
Inscrit le: 22/1/2015
De:
Envois: 3379
Le Vase Leconte de Lisle

Le Vase


Reçois, pasteur des boucs et des chèvres frugales,
Ce vase enduit de cire, aux deux anses Ă©gales.
Avec l’odeur du bois récemment ciselé,
Le long du bord serpente un lierre entremêlé
D’hélichryse aux fruits d’or. Une main ferme et fine
A sculpté ce beau corps de femme, œuvre divine,
Qui du péplos ornée, et le front ceint de fleurs,
Se rit du vain amour des amants querelleurs.
Sur ce roc oĂą le pied parmi les algues glisse,
Traînant un long filet vers la mer glauque et lisse,
Un pêcheur vient en hâte, et bien que vieux et lent,
Ses muscles sont gonflés d’un effort violent.
Une vigne, non loin, lourde de grappes mûres,
Ploie. Un jeune garçon, assis sous les ramures,
La garde. Deux renards arrivent de côté
Et mangent le raisin par la pampre abrité ;
Tandis que l’enfant tresse, avec deux pailles frêles
Et des brins de jonc vert, un piège à sauterelles.
Enfin, autour du vase et du socle dorien
Se déploie en tous sens l’acanthe corinthien.

J’ai reçu ce chef-d’œuvre, au prix, et non sans peine,
D’un grand fromage frais et d’une chèvre pleine.
Il est Ă  toi, berger, dont les chants sont plus doux
Qu’une figue d’Ægile, et rendent Pan jaloux.


Charles Leconte de Lisle, Poëmes et Poésies
cyrael
Envoyé le :  19/2/2017 14:33
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 30/10/2005
De: ****
Envois: 83516
Re: Le Vase Leconte de Lisle


Merci d'aimer tant lire et relire
les grands auteurs

leconte le Lisle et José Maria de Heredia
sont mes préférés





L'anathème

Si nous vivions au siècle où les Dieux éphémères
Se couchaient pour mourir avec le monde ancien,
Et, de l'homme et du ciel détachant le lien,
Rentraient dans l'ombre auguste où résident les Mères ;

Les regrets, les désirs, comme un vent furieux,
Ne courberaient encor que les âmes communes ;
Il serait beau d'ĂŞtre homme en de telles fortunes,
Et d'offrir le combat au sort injurieux.

Mais nos jours valent-ils le déclin du vieux monde ?
Le temps, Nazaréen, a tenu ton défi ;
Et pour user un Dieu deux mille ans ont suffi,
Et rien n'a palpité dans sa cendre inféconde.

Heureux les morts ! L'écho lointain des choeurs sacrés
Flottait Ă  l'horizon de l'antique sagesse ;
La suprême lueur des soleils de la Grèce
Luttait avec la nuit sur des fronts inspirés :

Dans le pressentiment de forces inconnues,
DĂ©jĂ  plein de Celui qui ne se montrait pas,
Ă” Paul, tu rencontrais, au chemin de Damas,
L'éclair inespéré qui jaillissait des nues !

Notre nuit est plus noire et le jour est plus loin.
Que de sanglots perdus sous le ciel solitaire !
Que de flots d'un sang pur sont versés sur la terre
Et fument ignorés d'un éternel témoin !

Comme l'Essénien, au bout de son supplice,
Désespéré d'être homme et doutant d'être un dieu,
Las d'attendre l'Archange et les langues de feu,
Les peuples flagellés ont tari leur calice.

Ce n'est pas que, le fer et la torche Ă  la main,
Le Gépide ou le Hun les foule et les dévore,
Qu'un empire agonise, et qu'on entende encore
Les chevaux d'Alarik hennir dans l'air romain.

Non ! le poids est plus lourd qui les courbe et les lie ;
Et, corrodant leur coeur d'avarice enflammé,
L'idole au ventre d'or, le Moloch affamé
S'assied, la pourpre au dos, sur la terre avilie.

Un air impur étreint le globe dépouillé
Des bois qui l'abritaient de leur manteau sublime ;
Les monts sous des pieds vils ont abaissé leur cime ;
Le sein mystérieux de la mer est souillé.

Les Ennuis énervés, spectres mélancoliques,
Planent d'un vol pesant sur un monde aux abois ;
Et voici qu'on entend gémir comme autrefois
L'Ecclésiaste assis sous les cèdres bibliques.

Plus de transports sans frein vers un ciel inconnu,
Plus de regrets sacrés, plus d'immortelle envie !
HĂ©las ! des coupes d'or oĂą nous buvions la vie
Nos lèvres ni nos coeurs n'auront rien retenu !

Ă” mortelles langueurs, Ă´ jeunesse en ruine,
Vous ne contenez plus que cendre et vanité !
L'amour, l'amour est mort avec la volupté ;
Nous avons renié la passion divine !

Pour quel dieu désormais brûler l'orge et le sel ?
Sur quel autel détruit verser les vins mystiques ?
Pour qui faire chanter les lyres prophétiques
Et battre un mĂŞme coeur dans l'homme universel ?

Quel fleuve lavera nos souillures stériles ?
Quel soleil, échauffant le monde déjà vieux,
Fera mûrir encor les labeurs glorieux
Qui rayonnaient aux mains des nations viriles ?

Ô liberté, justice, ô passion du beau,
Dites-nous que votre heure est au bout de l'Ă©preuve,
Et que l'Amant divin promis à l'âme veuve
Après trois jours aussi sortira du tombeau !

Éveillez, secouez vos forces enchaînées,
Faites courir la sève en nos sillons taris ;
Faites Ă©tinceler, sous les myrtes fleuris,
Un glaive inattendu, comme aux Panathénées !

Sinon, terre épuisée, où ne germe plus rien
Qui puisse alimenter l'espérance infinie,
Meurs ! Ne prolonge pas ta muette agonie,
Rentre pour y dormir au flot diluvien.

Et toi, qui gis encor sur le fumier des âges,
Homme, héritier de l'homme et de ses maux accrus,
Avec ton globe mort et tes Dieux disparus,
Vole, poussière vile, au gré des vents sauvages !


Charles Marie LECONTE DE LISLE
(1818-1894)


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