Aujourd'hui je sonne mon quatre vingtième jour.
Quatre vingt jours qu'un véritable Enfer s'est imposé; comme j'ai rêvé qu'il y ait une touche retour...
Je me souviens encore du jour un. Mon Âme se résignait enfin à quitter le monde des vivants pour celui des défunts. Et peut-être est-ce une image amplifiée de ce déchirement, mais comment le dire autrement?
Ce sont vos paroles qui ont tout d'abord allumé le feu. Je me souviens...tout s'est embrasé devant mes yeux.
Et je ne croyais plus en rien; et j'ai espéré un lendemain.
Les larmes n'ont su comment éteindre cet incendie; tout criait, plus qu'il n'en était permis. Vous pouviez me voir vivante et résistante, mais tout n'était que vision, une simple idée.
La forme même de mon Âme était mausolée.
Je me revois, tremblante et renfermée, dans l'attente d'un jugement.
Je vous ai même haï un peu plus chaque seconde; ces regards d'incompréhension, cette rage à tout nouveau soupçon, même l'évocation d'une future soustraction!
Ce sont vos paroles qui ont intensifié le feu. Je me souviens...tout s'est calciné devant mes yeux.
Vous n'avez jamais su ce qu'il s'est passé après cette longue soirée; sans doute jamais vous ne le saurez.
Le temps semblait ralenti, l'air s'était alourdi.
Chaque seconde, chaque minute... Oui, je cédais à la chute!
Et pendant que vous continuiez à fouiller, à déterrer...je dérivais.
Sans doute pensiez-vous que je dormais cette nuit-là , et je ne vous dirais que je suis tombée bien bas.
Des minutes, des heures, sais-je combien de temps l'inconscience a prôné?
Pourrais-je dire combien j'étais affolée...
Pourrais-je dire combien de fois elle m'a entaillée...
Et même, pourrais-je décrire ce froid qui m'a entrainée, lui qui de la chaleur des larmes s'était opposé?...
Et seule, perdue, dévastée, mon Âme a crié.
Crié ce que je ne savais que tracer.
Crié ce nouveau mal qui venait me ronger.
Crié, puis doucement nous avions murmuré:
"On nous a tout brisé...".
11.01.17
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