Oasis des artistes: Poésie en ligne, Concours de poèmes en ligne - 6528 membres !
S'inscrire
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 


Mot de passe perdu ?
Inscrivez-vous !
Petites annonces
Qui est en ligne
104 utilisateur(s) en ligne (dont 85 sur Poèmes en ligne)

Membre(s): 3
Invité(s): 101

badaoui, adn, Ancolie, plus...
Choisissez
F.
HĂ©bergez vos images
zupimages
Droits d'auteur


Copyright



Index des forums de Oasis des artistes: Le plus beau site de poésie du web / Poésie, littérature, créations artistiques...
   Partages Oasiens : espace convivial
     Un survol, dans les profondeurs de la littĂ©rature
Enregistrez-vous pour poster

Par conversation | Les + récents en premier Sujet précédent | Sujet suivant | Bas
Expéditeur Conversation
Abdelkader
Envoyé le :  9/1/2017 17:41
Plume de platine
Inscrit le: 31/12/2006
De: Chlef / Algérie
Envois: 7615
Un survol, dans les profondeurs de la littérature
Un survol, dans les profondeurs de la littérature

La littérature est l’ensemble des œuvres écrites reconnues par l’esthétique de leur finalité expressive, inscrites dans un catalogue distinctif selon le pays, l’époque, le milieu, ou bien le genre auquel elles appartiennent.
Le métier de l’écrivain et de l’homme de lettres englobe les connaissances, les études, les ouvrages, les articles de journaux et les correspondances consacrées à l’analyse des événements ou à la présentation des personnes. Le moyen de l’écriture offre une abondance verbeuse ambiante, destinée à enrichir le lecteur de langage et de savoir, à l’informer de nouvelles et de découvertes, et à le distraire avec des lectures attrayantes qui portent souvent des morales utiles et de l’inspiration pratique à l’élaboration de meilleurs réflexions dans tous les domaines.
Cependant, l’art d’écrire et de lire ne se résume pas à la culture du savoir, à l’information et à la distraction récréative, l’impact est inconsciemment beaucoup plus profond que ces objectifs premiers, délibérément suggérés. D’une part, les lettres proposent une multitude d’images et de sensations perdues chez l’auteur comme chez le lecteur à titres personnels, cela peut être un bien matériel égaré, un être cher disparu, une jeunesse, une santé, ou simplement un poste de travail à jamais retiré d’un individu. D’autre part, ces mêmes lettres s’octroient la fonction salvatrice d’éveil à l’échelle de la mémoire collective, et ce en touchant une majorité de lettrés au sein d’une même communauté et parfois l’humanité entière. Elles soumettent dans ce cas des clichés nécessaires pour continuer à vivre de l’histoire déjà révolue, pour combler un vide moral angoissant qui peut altérer à la sérénité d’un groupe ou d’une nation.
Selon Eduardo Halfon, un écrivain guatémaltèque, « Ce que nous avons eu, que nous avons perdu, qui est parti, laisse en nous un vide permanent, irréparable. Faire de la littérature, c'est cet exercice qui prétend remplir les espaces vides de la mémoire, tout en sachant que c'est impossible ».
Cela explique que nous faisons seulement semblant d'aller vers l'avenir. En réalité, nous éprouvons toujours le besoin vital du retour vers ce qui a déjà été fait, certainement pour tenter de combler le passé qui garde toujours en nous le sentiment du goût de l'effort vain ou du rêve inachevé. La littérature permet justement de meubler ce vide et de rendre cet espace vide vivable, en nous créant des repères tangibles dans la mémoire, afin de reprendre, tant bien que mal, des chemins de vie normalement perdus pour toujours.
En regard de l’influence des mots sur le modelage de l’opinion collective, la littérature d’urgence tient profit de la passivité des lecteurs pour façonner leurs idées selon leurs demandes sociales, et leur imposer des choix calculés suivant des idéologies déterminées, des propagandes souvent exigées par des partis politiques à des moments donnés. L’exploitation de l’actualité et des événements chauds conduit, non seulement à bourrer ce creux d’absence tortueuse qui nous fait horriblement défaut, mais également à orienter nos ambitions, et fixer nos décisions par rapport à des stratégies voulues, souvent d’ordre général.
Ainsi, nous nous accrochons à des visions montées de toutes pièces par des œuvres littéraires, pour subvenir au besoin impératif de combler un vide insoutenable, un trou noir arbitraire qui absorbe la faculté énergétique de notre imaginaire, et mène à l’anomie et au chaos. Le néant inerte est inadmissible par la mémoire humaine car, comme la nature, les hommes ont aussi horreur du vide, après la perte à jamais d’un bien, physique ou immatériel, qui constituait un pilier sur lequel une vie était réellement fondée.
Trancher pour le garnissage de la mémoire vide avec des scènes inventées à travers des lectures serait un mensonge et une pure utopie, du moment où nous ne remplissons aucun creux vraisemblablement. Nous faisons seulement semblant, en retournant d’une manière posthume vers des situations mortes, afin de corriger des erreurs et d’établir des conclusions convenables. L’instinct d'aimer la bonne existence exige parfois que l'on se trahisse, le délit est bien légitime par le moyen de l'art de l’écrit. Le remplissage du vide n’est guère synonyme de finitude, la plénitude n'est pas une fin en soi, il faut toujours parcourir les livres pour se convaincre d'arrivée un jour quelque part. Nous sommes satisfaits pendant l'instant de se composer un idéal, idéal dans le sens de l’essentiel car le parfait n’existe pas. C’est cet instant grotesque qui compte parfois le mieux. L'enchaînement de ces flashs d’espoir, qui servent surtout à nous faire prolonger l’attente de ce qui ne reviendra pas, devient une obsession curative morale constante et continue. Une chance pour que la littérature puisse perdurer encore largement, car la faille se creuse tous les jours de plus en plus, puisque nous perdons toujours du temps, avec plein de gens, d’événements et de sujets vitaux.

Abdelkader Guerine.

[img][/img]
Par conversation | Les + récents en premier Sujet précédent | Sujet suivant |

Enregistrez-vous pour poster