Marine

J’ai regardé la mer, le sable et les embruns
Et les nombreux enfants s’improvisant marins.
J’ai regardé le large et un grand char à voile
Qui filait vers le nord où brillait une étoile.

C’était toujours l’été. J’imaginais soudain
Le vide et le néant d’être le citadin
Qui parle de voiliers, de bars et de marées,
De maris disparus aux femmes éplorées.

Je rêvais éveillé que cette onde marine
Avec son symbole et sa qualité saline
Se muait aussitôt en principes pervers
Ayant la folle envie d’écraser l’univers.

C’était à chaque vague un idéal hideux
Des dictateurs voulant que l’on parle un peu d’eux,
Et chaque écume blanche était comme la rage,
Comme une maladie qui était d’un autre âge.

J’avais devant les yeux un océan de haine
Et j’étais tout petit, accablé, plein de peine
A devoir constater l’arrivée des rancœurs
Sur le rivage pur où j’avais tant de sœurs.

Chaque vague après l’autre amenait son horreur,
Un racisme par ci, et là un déshonneur,
Une autre religion condamnant les premières
Avec des théories d’hier et meurtrières.

Mais dans mon cauchemar amené par les flots
J’ai voulu résister en faisant des châteaux.
A genoux je montais un mur pour ma défense
Me sentant courageux de mon insignifiance.

J’ai perdu le premier, sapé par l’eau salée
Mais je me reculais pour contrer l’avancée
De l’intégrisme en tout et en reconstruisait
Un autre pas moins beau que celui de Noizay.

Je reculais encore en résistant toujours,
Je faisais des donjons des digues et des cours
Mais la vague immonde s’avançait sans faiblir
Au point que je faillis abandonner et fuir.

Sans force et vers la fin, j’en faisais un dernier,
Un tout petit château tout simple et tout carré
Et la houle acariâtre en voyant cet ouvrage
Ne put qu’abandonner devant tant de courage.

Je ne sais que trop bien qu’il n’est pas de château
Qui pourrait arrêter la marée de nouveau.
Mais si chacun combat, chacun avec ses armes
Alors nous oublierons et les pleurs et les larmes.

Merci; c'est beau.

Amitiés,

Line

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Se soucier de l'orthographe, petite chose futile, c'est faire acte de résistance.

J'ai beaucoup aimé cette lutte face à l'insidieux ennemi.... Très belle métaphore !

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Christian RAY avec Michel Drucker et Patrice Laffont

de très belles métaphores

les deux quatrains de la fin
sont beaux !



bon lundi

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de très belles métaphores

Bonjour

Merci, j'ai fait un peu plus court car si les poèmes sont trop longs je crois que le lecteur n'a plus le temps de les lire.
Ou alors on passe à la pièce de théâtre.

Pour les pieds, Coluche disait que la bonne longueur était celle qui permettait de toucher le sol.
Mais pour les vers, pour un poème, quelle est la bonne longueur?

Un sujet de réflexion?

Marine va être dans la lutte ces temps-ci...

Amicalement
NL***

Magnifique et très bien ressenti Merci

Belles métaphores sur fond de pâtés de sable...

Je n'ai pas pu m'empêcher ! Bravo pour le message

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