Quand s'en va l'an..... Bonne année à tous
Quand s'en va l'an
Quand s'en va l'an dans les méandres loquaces du vent volubile, reviennent les remous aphones jaser dans ma mémoire la ribote ambiante aux saveurs chaudes de l'été indien. Je m'acharne à attendre le retour des souvenirs badins, adossé à l'ombre d'un chagrin morne que le soleil a hélas omis d'éclairer. Je me console à compter à rebours les étoiles rangées dans le chapelet de mon factum libellé à mon avenir. Je suis triste quand s'en va l'an.
Quand s'en va l'an dans les dédales crochus des nuages onduleux, éclate l'orage l'averse de ses ondées fauves derrière la proie de ma chair balourde à la merci de mes rappels ennemis. Je me bats et l'oubli pour chasser de ma souvenance les brumes de mes idéaux inhibés. Je mets le feu à la neige de mon hiver frisquet pour raviver les braises des fleurs de mon printemps vaincu, fondu dans les cendres âcres de la saison revêche. Je suis petit quand s'en va l'an.
Quand s'en va l'an dans la ration heureuse de mes calculs fortuits, s'engagent les chiffres dans une tournée en rond pour conjuguer mon silence verbeux au mode anxieux de mon humeur épouvantée. Je me retourne dans mon histoire suivi d'une horde d'allusions légendaires que j'apprivoise pour adoucir l’âpreté de mes réflexions futures. Je mets l'étincelle au flambeau de mon drapeau bas hérité d'une marche destinée dans le dos des rêves compagnons de ma solitude, quand s'en va l'an.
Quand s'en va l'an dans le gouffre flasque des mes annales pèlerins, s'exposent les desseins ambitieux de mes cabales candides à l'avant de mes fuites effrénées. Je m'endors pour mieux vivre mes intentions insondables parmi le cortège titan de mes rêveries chétives apposées à l'évidence de mon réel fluet. Je m'obstine à réclamer mon dû de félicité exemptée du temps indifférent à mes allégories, passant sans rendre le compte décent, escompté par mes oraisons risquées, dans mes élans fugaces malgré son entêtement rogue et sa sourdine vagabonde. Je suis rien quand passe l'an.
Quand s'en va l'an dans la vapeur épaisse de mes songes confus, se lève alors le rideau sur la scène spectaculaire du conte opportun de mes béguins ratés. Je patiente en observateur sans choix, atterré au pied du mont de mes devoirs sentencieux que je porte comme un dilemme unique, requis pour moi depuis la genèse de l’éternité. J'écoute le chant du hasard qui régit la valse de mon impunité réduite à une trêve nocturne, voyageant sur une vague obscure qui étale ses buées frontales jusqu'à l'océan de mon existence, quand s'en va l'an.
Quand s'en va l'an dans la lumière béate du premier soleil levant, se dressent ensuite les plumes pour faire des ailes aux soupçons de mes proches joies. J'affronte le fantôme de mon réveil, et cours entre les mots que je pense comme des soldats déterminés de libérer mon cœur du bahut de ma propre vie. Je tourne forcément le livre de mes contrées ruinées sur une page blanche qui attend, comme à chaque fin, d’être emplie d'épopées majestueuses, enchevêtrées de séquences de désarrois battants, quand s'en va l'an.
Kader.