Nuits d'obsidienne...
Quand nous serons pareils à ce galet poli
Que l'océan des ans, en son ventre, enfouit,
Alors,s'effacera jusqu'au goût de nos rêves;
D'autres les reprendront , sourire au bord des lèvres...
Et nous, nous sombrerons dans l'insipide oubli!
Sous la légèreté de nos nuits d'obsidienne
Nous avons trop souvent ignoré le néant.
Futiles papillons sous la lampe pourtant,
Nos ailes se froissaient, plus vite, Ã chaque instant,
Et la sombre faucheuse, exhalait son haleine!
Il est tant de guerriers,de fols inconscients,
Qui livrent des combats, insanes et sanglants;
Tout comme celui-là , ridicule pantin,
Qui se croit immortel un fusil dans la main,
Et que la Parque fend, de ses ciseaux d'airain!
De notre âge, il est vain de protéger le fil,
Le fuseau se déroule, et le lien se rompt.
Le temps, imperturbable, en son dernier affront,
Ajoute une grimace en dessous d'un sourcil,
Qu'hier le blond soleil,baignait d'un chaud rayon!
Un angelot qui sait? nous sortant de la nuit
Evoquera nos noms à la table des Dieux,
Et puis, levant son verre, en gestes gracieux
Versera son nectar sur nos crânes crayeux
Juste avant que la mort... ne nous remette au lit!
Sur la légèreté de nos nuits d'obsidienne
Enfin il faudra bien, clore cette persienne.
Le rêve désormais , ailleurs, fera son nid,
D'autres l'accueilleront, comme un enfant chéri,
Et nous, nous sombrerons dans l'insipide oubli!