J’ai toujours voulu dire aimer c’est se surprendre
Aimer c’est aussi prendre et apprendre à donner
Et comprendre serein, qu’on ne peut se méprendre
Sur ce don qui se peut sans qu’il fût ordonné.
L’amour est dans l’esprit, l’écho de toute essence
Exigeant d’être libre, avant d’être exprimé
Quand boit la passion le lait d’intelligence
Et rassure le cœur, sans devoir l’opprimer !
Lorsqu’on n’a plus vingt-ans, le dire est malaisé :
Jusqu’au trognon la pomme aura été croquée
Et l’on juge le temps dans un compte biaisé
Où domine le blanc sur façade tronquée…
Je haïrais le blanc s’il n’y avait l’amour
Qui, lui, change d’objet sans changer de coutume
Et l’inclination vaut, ma foi, le détour…
Vêtons de blanc nos cœurs, en éternel costume !
Je tente côté sein le penchant sublimé
Sans tomber, à l’excès, dans le carnavalesque
Car l’amour, sans esprit, au désir arrimé
N’offre que le reflet du vieux pantin grotesque.
J’aime l’esprit des fleurs et admire la rose
Qui adore s’ouvrir au-delà du bouton
Faire don de senteur et don de toute chose :
La promesse murie en un rire d’enfant !
Quoi de plus merveilleux que la scène du rêve
Plantée en clair soleil au-dessus d’un jardin
Quoi de plus merveilleux à l’heure de la trêve
Qu’un baiser qui défait la peine du Jourdain !
Toujours libre l’esprit qui sème et qui moissonne
L’amour qui met le feu au cœur qui s’est éteint
Et quand advient la Nuit, que les trompettes sonnent
Heureux qui a aimé encore ce matin !
A.Alloun.
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Prière ne pas remonter mes anciens textes, merci
Le tagastin: quand on vit d'amour et de vers, il faut assumer ses coliques!