Pardonnez ma chanson morose ...
Pardonnez ma chanson morose
Ô belle qui hantez ma vie,
Je voulais vous offrir des roses,
Mais toutes mes fleurs ont péri !
Mon jardin est jonché de feuilles
Même le ciel porte le deuil,
Il pleut à ne savoir pourquoi ...
Il pleut, à cœur fendre je crois !
Au pied statufié du silence
L'amour se traîne à demi nu,
Roidi par votre indifférence
Qui sans pitié l'a dévêtu !
Amèrement, fait même chose,
Le vent passant sous votre porte
Je ne puis vous offrir de roses
Hélas, elles sont toutes mortes !
Quand de grands yeux vous éblouissent,
Comment ne pas s'abandonner?
Ah, quel brûlant bonheur d'aimer,
Et d'en souffrir mille supplices !
De vous j'ai connu les épines,
Les baisers, les regards jaloux,
Et votre main blanche , ô divine
Si caressante dans mon cou !
Ô belle Dame que folie
Si fort retient entre mes draps
Me laisserez-vous, ici-bas
Cueillir le bleuet de l'oubli ?
Puisque me voyez à genoux,
Ne vous faites point trop cruelle
Et, si d'aimer, n'avez plus goût,
Étouffez-moi sous vos dentelles !
Abrégez ainsi la souffrance
D'un pauvre amoureux en exil,
Que votre hivernale indolence
Bannit, d'un battement de cils !
Ô belle qui hantez ma vie,
N'ayant d'autres échappatoires,
Que ma plume et mon écritoire ...
Je ne puis vous offrir de roses !
Belle Dame, quelle folie !
Il pleut à ne savoir pourquoi
Il pleut, à cœur fendre je crois …
Pardonnez ma chanson morose !