Prends garde à toi, Roi des forêts
Le voici revenu, le temps
Des rouges et des ors chamarrés
Ton brame, au lointain, je l'entends
Tu es si beau, portant tes bois
Bois de velours, bois de puissance
Superbe animal aux abois
D'un bond, apeuré, tu t'élances
Eloigne-toi au plus profond
La biche ancienne ouvre la harde
Là où les chemins se défont
Et toutes les peurs se lézardent
Fier décorum pour un massacre
Se prépare la chasse à courre
La mort n'est pas un simulacre
Même enrobée dans ces atours
Cavaliers aux nobles montures
Chiens en meute qui s'impatientent
Vont s'élancer sous la feuillure
En une troupe flamboyante
Au son de la corne de chasse
Mon coeur se serre, et je te vois
Poursuivi, traqué, sans espace
Où te réfugier, en émoi
Tu es haletant et trempé
Le forlonger, le hourvari
N'oublie pas ce qui peut tromper
Et détourner la vénerie
Te voilà tout ensanglanté
Et ton doux pelage est sali
D'épuisement, tu as chuté
Les veneurs sonnent l'hallali
Ton corps enfin reçoit la dague
Sous une lumière dorée
Ton regard est devenu vague
Les chiens sont fous, c'est la curée
Prends garde à toi, Roi des forêts
Le voici revenu, le temps
Des rouges et des ors chamarrés
Ton brame, au lointain, je l'entends
( 2011 )
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Ouvrez l'oreille, chaque mot possède un coeur qui bouge. (Nimier)