Viens ce soir...
(septembre 2015)
Quand s'arrime ton corps en bordure de lit
Mon œil ensorcelé tout à coup s'agrandit.
Entends ce coeur qui bat sa breloque de fête !
Ô dis-moi que fais-tu éclore dans ma tête ?
C'est un bocage clair, en gouttes de prunelles,
C'est un rayon de chair, sous pointe de corsage
C'est la mer qui suspend ses vagues en bretelles
Aux rochers de tes bras qui font claquer l'orage.
J'ai vu le bouton d'or câliner ton menton,
Le soleil grignoter l'ourlet de ton jupon,
Dans la laine du vent empelotant ses fils
Des réglisses d'azur déborder de tes cils !
C'est un tendre bois vert, courbure d'arc-en-ciel
Un rire endimanché au satin de ta bouche.
Si mon désir, parfois, devient patte de mouche...
Laisse-le se poser sur ton ventre de miel !
Les éclats de ta peau ont des accents de brume
Des goûts à revenir lécher ta fleur d'écume
À broder ta salive au parfum de l'amour
Les éclats de ta peau carminent les toujours !
Retrousse ta rousseur sous ma bogue d'automne !
Déjà , craquent mes os sous le feu du foyer
Ne me fais pas languir, ma douce polissonne
Je n'ai plus tes vingt ans et mon ciel s'est fané.
Le rose de ton cou se répand sur ton sein,
Joli bouton, pressé dans le creux de ma main.
Si mon baiser ardent, aspire ta jeunesse
Laisse-moi la pétrir comme un pain de tendresse !
Viens ! la clarté se fend aux figuiers du jardin
Les ombres ont cloué les portes du silence
Viens ! la lune saura nous bercer en cadence
Et mélanger nos sangs dans sa coupe d'airain !
J'alignerai tes cris au cordeau de ma voix
Je te dirai les mots soufflés à perdre haleine
T'offrirai des bouquets d'indolence et d'émoi
Laisse-moi me noyer à ta claire fontaine !
Demain se lèveront des matins incarnats
Des feuillages dorés, friseront sur tes hanches
Et valseront toujours, froufrous de robes blanches
Quand tu chiffonneras l'étoffe d'autres draps !
Viens ! ce soir, vite viens ! couche-toi sur mon cœur,
Charbonne ton printemps à mon âme de suie !
Viens ! il est encor temps , ma coquine chérie...
Une dernière fois, viens faire mon bonheur !
Ô vois ce que je vois et sens mon appétit
Quand s'arrime ton corps en bordure de lit !