L’aube roule sous l'édredon
La rousse lune amidonnée,
Puis elle ajuste son jupon
De mousseline et de rosée...
Elle accroche à son corselet
Un coquet ruban de lumière,
Refrise , en brise buisonnière,
Le flot de son chignon défait.
Elle étire ses doigts menus
Mélancolique musicienne,
Et joue en do sur tes bras nus
Sa douce valse vénusienne
Elle maquille de mystère
Le miroir de tes yeux fermés,
Construit un pont sur la rivière
De tes rêves endimanchés.
Elle ranime de sa plume
Le blond soleil encorbeillé,
Coiffe son front, frangé de brume,
D’un frêle foulard ajouré.
L’aube coule sous l 'obsidienne
De tes noirs sourcils crayonnés,
Elle estampille ton haleine
Du sceau salin de ses baisers.
Aventurine* en perles d’eau,
L’aube s'habille de ta peau.
Contre ton cou , je vois goutter
L'azur de son bel encrier.
Sur l'ivoirine de ta main
Elle gigote d'allégresse,
Empapillote dans sa tresse
Le coeur éclos du clair matin.
L’aube trotte dans l’escalier
Évanescente ballerine,
Brûlant son tutu de papier
Au sirocco de ta narine.
Quand glisse son oeil dépoli
Entre les lames du volet,
La voici qui saute et frémit...
Sur l'aile de ton joli nez!
Un jour à nouveau se déguise...
La vie a remis sa chemise !
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08/08/2016
*variété de quartz