La fille du bord de seine... (métrique libre)
La fille du bord de seine
Comme un oiseau de nuit,
S’en va traînant sa peine
De midi à minuit.
Quand les nuages égrainent
Leur pluie de petit jour,
Elle mouille sa rengaine
Au flot de son coeur lourd.
Elle démaille ses vingt ans
Au fil d’un bas résille,
Qu’elle roulotte en rêvant
Le long de sa cheville.
La fille du bord de seine
Prolonge , langoureux,
Son regard verveine
D’un rimmel soyeux.
Et le brouillard des quais
Comme un jupon à fendre,
Fait claquer le vent frais
De ses baisers à vendre.
Amour d’adolescence
Sa bouche ne sait plus
L’audacieuse innocence
De tes mots demi-nus!
Elle tortille à son cou
Des rires de nonchalance,
Mais sa langue a le goût
Acide de l’errance!
La fille du bord de seine
Comme un oiseau de nuit
S’en va traînant sa peine
De midi à minuit.
Elle cueille au hasard
Les heures délictueuses
Qu’elle presse sous le fard
De ses lèvres pulpeuses
Et même si se meurt
Sous son chignon défait
La fille de joie en pleurs
La nuit au bord du quai...
Je sais qu’elle reviendra,
Frêle fleur de bitume
Flétrir entre vos bras...
Sa corolle d’écume !