Eveil...
Quand la lune s’enlace aux hanches de la terre
Pour trouver à son tour le paisible repos
Ah! que j’aime croquer son croissant de lumière
Oublié en partant dans le bas de ton dos!
Tes cheveux décoiffés, par un songe chiffon,
Enroulent des ruisseaux à l'ombre de ton front.
Ton souffle polisson, contre moi se caresse
Et colore ma peau d’un éclat de tendresse
Écorçant sous le ciel, les heures vespérales
La course de mes doigts défroisse chaque pli,
Que la nuit a jeté en travers du grand lit.
Je ramène vers nous l'onde fraîche des draps
Puis, glisse sous ton cou le coussin de mon bras,
Pour te bercer encor, de mes notes florales.
***
Un léger bâillement étire le silence ...
Et,tandis que ton corps, au mien veut s’encorder
Ta jambe ensorceleuse effrontément s'élance
A l'assaut de mes reins...et me fait chavirer !
Contre les volets clos, claque le vent d'autan.
Regardez-le jouer ce joyeux garnement,
Le voici qui retrousse, Ô la folle cavale,
Le caraco fleuri de l’aube provençale !
De ton iris enclos renversant l’encrier
Il paraphe ton sein d’une fleur cupidone
Dont le cotillon bleu ressemble à du papier
De ta tiède torpeur, saura-t-il t’extirper ?
Pour que je puisse enfin, sur ta bouche friponne
Embrasser le bonheur ... et boire à me souler!
***
Gracile baladin en chaussons de brindilles
Un cigalon cliquette à l’oreille du jour
Le vois- tu secouer du bout de ses gambilles
L’éventail d’un été enrubanné d’amour?
Entends- tu son crincrin étrange vibrato
Accrocher ses accords aux cordes d’un bandjo?
Lui, qui chantait hier sa gamme avec la pluie,
Fait danser l’ arc en-ciel dans la chambre assoupie!
Ô bel oeil diapré que la lumière attire,
Si tu veux oublier Morphée et le sommeil
Allez vite! ouvre-toi sous les rais de soleil...
Viens, éperonne-moi de tes mauves reflets
Et comme un matelot à l’avant du navire
Remonte jusqu’au port mon coeur dans tes filets!