Depuis lors, mon aimée
Depuis lors que j'attends impatient sur le quai
Le retour des beaux rêves que mon cœur a manqués,
Dans la nuit aveuglé par le vent affolé
Qui me prit toute ma joie sur ses vagues enroulées
Dans une mer qui étend de la brume parsemée
Comme un mur qui sépare mon regard de l'aimée.
Depuis lors que je meurs sur un feu si petit
Qu'il dévore les espoirs de ma tête abêtie,
Sans conseils dans le vide sous mes pas orientés
Vers l'errance infinie sur des braises édentées
Sur ma chair disparue dans l'enclos des fumées
Enterrée sous les pierres de mon corps inhumé.
Depuis lors que je peins des couleurs à la porte
Sur les traces d'un chemin de pensées déjà mortes,
Blanchissant le linceul de mes temps égarés,
Condamné à périr dans une soie effarée,
Retouchant de parfums mes printemps désertés
De leurs fleurs aux orages d'un hiver alerté.
Depuis lors que je brode des chansons sur le sable
Qui ne donnent que l'écho d'un silence misérable,
Quand j'entends le murmure de mes rimes qui s'éteint
Au soleil qui se couche après l'aube au matin,
Et mes notes qui s'en vont avec l'air en poussière
Pour couvrir dans l'oubli la meilleure des chimères.
Kader.